Des tablettes à l’école ?
Les tablettes ont le vent en poupe et il semble assez clair que leur introduction dans les milieux scolaires est en marche. Et cela, dès la maternelle, s’il vous plait… Hé oui, on aurait préféré que ceci fût un poisson d’avril du Framablog. Vous me connaissez, les tablettes, ça n’a jamais été franchement mon truc. Mais alors qu’on essaie de nous faire avaler qu’il s’agit d’outils indispensables pour les écoliers… Raaaaaah !
(Notez que les exemples d’activités alternatives que je donne sont issus d’expériences personnelles, mais on aurait bien sûr pu citer d’autres outils comme le Raspberry Pi, Arduino ou encore Thymio.)
Des tablettes à l'école ?
💡 S'il y a un truc à la mode en ce moment, c'est bien l'idée d'équiper les écoles, les collèges et les lycées… en tablettes.
Tout récemment, l'Éducation Nationale a publié un programme précisant qu'il fallait apprendre aux élèves de maternelle à utiliser une tablette.
Je n'irai pas par quatre chemins.
C'est une idée à la con.
Et pas seulement parce que personnellement, je n'ai jamais trouvé d'utilité aux tablettes…
Mais parce que même lorsque je parle avec des gens qui en ont une, voici ce que j'entends toujours :
▶️ Précisément ! Une tablette, ça n'est pas un outil de travail. C'est tout au plus un outil de consommation passive.
Ce n'est pas que ce soit fondamentalement mal. Mais dans ma tête, le boulot de l'école, ce n'était pas d'apprendre aux gamins à consommer.
Ce que le Ministère s'imagine :
La réalité :
Alors bien sûr, la télé peut être utile dans l'éducation : quel prof de physique n'a jamais passé un « C'est pas sorcier » à ses élèves ?
Mais je vous laisse imaginer les réactions si un ministre avait déclaré dans les années 80 :
⚠️ La réalité, c'est que les tablettes sont des objets de divertissement souvent hors de prix, ultra-verrouillés et conçus pour ne nécessiter aucune compétence, pour être utilisés en réfléchissant le moins possible.
Et pourtant, si on voulait vraiment éduquer les mômes au numérique, il y aurait de quoi faire !
💡 Personnellement, j'ai eu l'occasion, à plusieurs reprises, de présenter Scratch à des élèves (de la 6e à la terminale). Scratch, c'est un logiciel libre développé par le MIT, pour apprendre de manière ludique la programmation aux enfants et ados sans qu'ils aient besoin de connaître un langage.
Ce n'est qu'un exemple, mais ça marche toujours. C'est simple à mettre en place et les mômes adorent.
Il n'est pas question d'en faire tous des programmeurs, mais ça les aide à comprendre vraiment le numérique : ce que c'est, comment ça fonctionne, pourquoi quand on clique, ça bouge !
⚠️ TOUT LE CONTRAIRE D'UNE TABLETTE !
L'outil, c'est un faux problème.
Combien ont appris à programmer au tableau avec un marqueur ?
Vous n'avez pas de salle info avec des ordinateurs pour utiliser Scratch avec vos élèves ?
Proposez leur le jeu de l'enfant-robot !
Si le numérique ne demande pas de moyens autres qu'humains pour être abordé, pourquoi alors tient-on à nous refourguer des tablettes partout ?
▶️ C'est simple : ça permet de remplir les sites du Ministère de jolies photos d'élèves émerveillés par la technologie sur un fond bleu ciel accompagnées de slogans consensuels.
De la belle poudre aux yeux politicarde avec en sous-texte :
« Regardez comme on investit bien dans l'avenir de vos nienfants. N'oubliez pas de revoter pour nous. »
Et on peut donc, du même coup, continuer à considérer les profs comme des parasites incompétents qui coûtent trop cher à former. Et à déféquer sur le fameux numérique en enchaînant les lois sécuritaires liberticides avec la main #jeSuisCharlie
sur le cœur.
▶️ Bref, contribuer à faire du numérique un outil d'aliénation et non l'outil d'émancipation qu'il pourrait être.
Elle est pas belle, la vie ?
🛈 Si vous avez aimé cet article, vous pouvez le retrouver dans le livre Grise Bouille, Tome I.