Bonne nuit les petits camarades

Publié le 29 mars 2018 par Gee dans Comic trip, GBBU
Inclus dans le livre Grise Bouille, Tome III

Aujourd’hui, petit moment nostalgie… même si j’ai pris quelques libertés avec l’original (ahem).

Une BD probablement inspirée par ma nièce de 2 ans (qui a le nom d’une licence de logiciel libre, au passage – ça ne s’invente pas) et qui aime beaucoup Nounours, Nicolas et Pimprenelle. Bon, même si, vu le langage employé dans la BD, on va attendre une grosse dizaine d’années avant de la lui faire lire 😀

Bonne nuit les petits camarades

Une image montre Nounours et le marchand de sable sur un nuage, comme dans « Bonne nuit les petits ». On entend la musique en fond : « Toutou lou tou tou tou tou tou tougoudou ! Tou tougoudou ! » Le marchand de sable, de bonne humeur : « Bonsoir les enfants ! » Nounours, de bonne humeur aussi : « Bonsooooiiir ! »

Le marchand de sable tend l'oreille : « Oh ? Mais qu'entends-je ? Qu'ouïs-je ? » Nounours : « Kwij ? » Le marchand : « Sont-ce de jeunes chenapans encore debout à cette heure tardive ? » Nounours, toujours souriant : « Ça m'en a tout l'air, patron. »

Le marchand de sable, soudain agacé : « Et ? » Nounours, ne comprenant pas : « Et quoi ? » Le marchand : « Bah t'attends quoi ? Que j'te joue un morceau de pipeau ? »

Nounours, comprenant soudain, souriant d'un air gêné : « Oh, non ! Pardon, patron ! Mon échelle, et hop ! » Le marchand, avec un sourire pas aimable : « J'aime mieux ça.  Et magne-toi le derche, on n'a pas toute la nuit. » Nounours, sortant son échelle : « Po popopo popopo po po… »

Nicolas et Pimprenelle discutent. Pimprenelle dit à un Nicolas stupéfait : « Et donc tu vois, le papa met la graine dans la maman, et ensuite il pousse bien au fond avec sa b… » Nounours arrive avec son échelle : « BONSOIR, MES CHERS PETITS ! »

Les deux enfants explosent de joie : « BONSOUAAAR NÛNÛÛÛÛRSE ! » Nounours fait mine de les gronder en souriant : « Oh oh oh ! Le patron m'avait bien dit qu'il y avait de petits chenapans hors de leur lit à cette heure ! »

Pimprenelle, scandalisée : « De KOUWA ?! » Nicolas, de même : « Non mais de quoi on s'mêle ?! »

Pimprenelle s'énerve et hurle vers le haut : « OH, LE PERVERS ! ÇA VA BIEN D'ESPIONNER DES GAMINS DE 8 ANS EN PYJAMA ?! » Nounours panique un peu et lève les bras : « Non non non ! C'est pas du tout c'que… » Nicolas s'approche de Nounours d'un air serein en disant : « Laisse, Nounours, faut qu'on t'parle… »

Nicolas : « Dis-moi, Nounours : est-ce que tu es syndiqué ? » Nounours, dubitatif : « Euuh… » Pimprenelle : « Ouais, parce qu'on se disait que ton patron, là, en plus d'être un pervers, il avait pas l'air hyper-calé sur le Code du Travail.  Et que du coup, y'avait peut-être moyen de lui rafraîchir la mémoire…  À coups de batte de baseball, si besoin. » On entend le marchand de sable hors-champ : « Non mais dites donc ! »

Pimprenelle : « Par exemple : tu fais du travail de nuit, pas vrai ? Eh bah, ça, c'est réglementé, normalement. » Nounours : « Ah oui ? » Le marchand de sable, toujours hors-champ : « Il ferait pas de travail de nuit si les petits chenapans se couchaient plus tôt ! » Nicolas lui répond avec énervement : « On t'a sonné, l'exploiteur ? »

Pimprenelle poursuit : « Eh pi le type se dit “marchand de sable”, dis… entre-nous, on l'a jamais appelé, hein.  La vente forcée, c'est pas légal-légal non plus. » Nounours, mal à l'aise : « Mais c'est un service public..  Pour que vous dormiez bien. » Nicolas : « Ah mais nous, le service public, on est pour, on est grave pour !  Par contre on est moyen chauds pour que nos impôts engraissent un actionnaire privé par le biais de partenariats public-privé douteux… limite mafieux. » Le marchand de sable descend de l'échelle à son tour, l'air très mécontent.

Pimprenelle : « Dis-moi, Nounours, le patron, il te paie bien ? » Nounours : « Baaaah, j'suis au SMIC quoi, ça va. » Le patron, les mains sur les hanches : « C'est fini, oui, de distraire mon employé ?! » Nicolas, les bras croisés, l'air pas commode : « On l'distrait pas, on l'informe. »

Pimprenelle, écœurée, la main sur le visage : « Au SMIC ! Alors que c'est toi qui fais tout le boulot… » Nounours, qui prend soudainement conscience de la réalité : « C'est vrai, ça. » Nicolas renchérit : « Qui-qui descend de l'échelle et qui remonte l'échelle TOUS LES SOIRS ?  Qui-qui vient nous calmer ? » Nounours : « C'est moi-moi. » Nicolas : « Alors qu'on n'est pas des cadeaux, hein !  Qui-qui, hein ? » Le marchand de sable, agacé : « Non mais oh ! Et le sable, hein ? Qui lance le sable ?  Et les charges, hein ?  Elles sont pour qui, les charges ? »

Pimprenelle invective le marchand : « Toi, ton sable qui pique les yeux, tu peux t'le mettre où j'pense ! Parasite ! » Nicolas : « Ouais ! T'auras qu'à faire des pâtés avec quand on aura socialisé les moyens de production avec le camarade Nounours ! Le marchand, soudain paniqué : « DE KOUWA ?! » Nicolas précise : « Et on dit “cotisations sociales”, pas “charges” ! »

Les enfants et le marchand se gueulent dessus avec colère. Le marchand : « PETITS GREDINS ! » Nicolas : « MACRONISTE ! » Le marchand : « BOLCHÉVIQUES ! » Pimprenelle : « SAC-À-MERDE ! »

Nicolas emmène Nounours hors-champ en lui disant : « Viens Nounours, on va tout reprendre depuis le début.  Tu connais Karl Marx ? Léon Blum ?  Noam Chomsky ? » Pimprenelle attrape une batte de baseball et se dirige vers le marchand de sable : « Moi j'vais faire bouffer son écharpe de Christophe Barbier à l'autre empafé… » Nicolas continue la liste : « Bernard Friot ?  Frédéric Lordon ?  Franck Lepage ? » Pimprenelle précise : « Oublie pas Louise Michel et Rosa Luxembourg ! » Le marchand de sable, bras croisés, l'air vexé : « On n'aime pas les entrepreneurs, dans ce p… »

Nounours et Nicolas sont derrière un ordinateur. Nicolas explique : « Et donc tu vois, la part des richesses produites conservée par les travailleurs est passée de 70% à 60% en vingt ans, celle prélevée par les actionnaires de 30% à 40%. Richesse qui a doublé ! » Nounours, stupéfait : « La vache… » Nicolas continue : « Le trou de la sécu, les cotisations retraite…  tout est là.  Attends, après je te montre une vidéo sur le fonctionnement de la monnaie-dette, tu vas chialer… » Hors-champ, on entend Pimprenelle tabasser le marchand de sable : « SBLAF !  Ouille !  CHPING ! Aïe ! SBROUM ! »

Quelques heures plus tard…

Nicolas et Pimprenelle sont au lit, l'air heureux, et disent : « BONNE NUIT CAMARADE NOUNOUUUURS ! À demain ! » Nounours remonte son échelle avec un grand sourire sur le visage : « Bonne nuit, les enf…, euh, camarades ! » Nicolas : « Pffioou, moi, ça m'a rincé, cette soirée. » Pimprenelle : « Moi, j'dors toujours bien après avoir fait du sport… »

Nounours, de retour sur son nuage : « Et vous aussi chers petits camarades, faites comme Nicolas et Pimprenelle.  Embrassez bien fort vos parents, saisissez les moyens de production et faites de beaux rêves.  Bonne nuit, à demain ! » Le marchand de sable est ligoté et attaché sous le nuage. Il agite les jambes en criant, furieux : « ON N'AIME PAS LA RÉUSSIIIIIIIITE, DANS C'PAYS ! » Note : BD sous licence CC BY SA (grisebouille.net), dessinée le 28 mars 2018 par Gee.

Publié le 29 mars 2018 par Gee dans Comic trip, GBBU

🛈 Si vous avez aimé cet article, vous pouvez le retrouver dans le livre Grise Bouille, Tome III.

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