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Ci-gît l’État de droit

Publié le 5 octobre 2017 par Gee dans La fourche
Inclus dans le livre Grise Bouille, Tome III

Bon. Ça faisait un petit moment que j’avais pas gueulé (si si).

dire que je l’ai beaucoup fait au début de l’année jusqu’à l’élection présidentielle de mai. Cette suractivité associée au résultat à la fois si attendu et si déprimant de l’élection en question… bah la motivation de continuer à parler de l’actu politique s’est quelque peu atténuée. Du coup, je vous avoue que j’ai accumulé pas mal de colère ces derniers mois, et là : faut que ça sorte !

Ci-gît l'État de droit

⚠️ ATTENTION : cet article contient de nombreuses grossièretés tellement grossières que l'article en deviendrait presque grossier.

Mais c'est cathartique, alors commencez pas à casser les gonades.

💡 Bonjour, nous sommes en octobre 2017, et si comme moi, vous vivez en France, sachez que vous n'êtes plus dans un État de droit.

Le Geek, pensif : « Ah okay. Donc aujourd'hui, c'est pas un article sur les jonquilles ou une BD avec des références à Pink Floyd et Radiohead à toutes les images… » Le smiley, sombre : « J'ai compris, je vais chercher mon Lexomil… »

▶️ Les dérogations exceptionnelles aux libertés fondamentales sont intégrées dans le droit commun. Ironiquement, nos parlementaires ont décidé que les principes républicains soi-disant menacés par les terroristes ne valaient pas le coup d'être sauvegardés.

Les terroristes ont donc officiellement gagné, et nous pouvons ravaler nos slogans du genre « même pas peur », car c'est officiellement la peur qui gouverne notre pays.

La peur panique, irrationnelle, celle qui cesse de prévenir des dangers et fait faire des grosses conneries.

Un terroriste sert la main de Macron en disant : « Merci, mec. » Macron : « Et avec ceci, qu'est-ce qu'il lui fallait ? » Le terroriste : « Bah on va prendre votre froc, votre dignité et vos valeurs. » Macron : « Mince, je crois que j'm'en suis déjà débarrassé depuis longtemps. »

(Pour vous donner une idée du niveau de saloperie, on a quand même l'ONU et Amnesty International qui nous demandent des comptes…)

Et peu importe si les perquisitions administratives et les assignations à résidence de l'état d'urgence ont bien plus servi à taper sur des dissidents politiques (écolos, syndicalistes, zadistes, etc.) que sur des djihadistes : nous sommes tous, désormais, aux yeux de l'État, de potentiels terroristes. Il n'y a donc de toute façon plus lieu de faire la distinction.

Un CRS matraque un manifestant à terre et dit en souriant : « En même temps, Zad, ça sonnait pas très français comme prénom, alors quelque part, ça nous simplifie les choses. » Le manifestant, au sol, en sang, avec une pancarte contre la poubelle nucléaire de Bure : « F'est là qu'fuis content d'avoir fait barrage à la haine… »

⚠️ Quand je dis « nous », je parle bien entendu du français lambda, du connard moyen comme vous et moi dont la tranquillité dépendra désormais du bon vouloir d'administrations agissant sans aucune décision de justice.

Gee, pas content, dit : « On a même évoqué l'idée de porter la durée légale de la garde à vue à UN MOIS.  Oui oui, un mois de taule.  Un mois de taule sur décision arbitraire d'un officer de police judiciaire. » Le smiley, souriant : « Aaaaah, le bonheur de vivre dans une démocratie moderne qui peut à tout moment décider de vous voler un millième de votre espérance de vie… »

Bon, ça, c'est encore une vague idée balancée entre le fromage et le dessert par un énième ahuri hors-sol.

▶️ Mais au rayon des enfoirages qui sont déjà actifs, on a par exemple l'obligation de déclarer L'INTÉGRALITÉ de ses identifiants numériques (toujours sur simple demande administrative, sans décision de justice bien sûr).

Ce qui est une hérésie à tellement de points de vue que je ne sais même plus par quel bout conchier cette mesure imbécile.

Un agent dit à une femme : « Vous avez oublié de déclarer votre compte sur savonspaschers.com, utilisé une fois il y a 7 ans. » La femme : « Et alors ? » L'agent : « Alors ça fera 3 ans de taule et 45 000 euros d'amende*. » La femme : « Aussi cher qu'un vol, donc ? » L'agent : « Estime-toi heureuse que ce soit pas plus, terroriste ! »

Oui oui, pour un unique oubli, ça peut monter jusque-là.

⚠️ Bien entendu, n'allez pas imaginer que les gens qui ont effectivement une responsabilité dans la montée du terrorisme en question aient une chance d'être inquiétés par de telles dispositions.

Déjà parce que pas mal de sources du terrorisme sont à chercher directement du côté des politiques étrangères menées par… l'État lui-même.

Le smiley : « Ah bah non, on gueule assez qu'nos parlementaires en branlent pas une… si en plus on les assigne à résidence…  Remarque, faut admettre qu'ils font moins de dégâts quand ils sont pas là… »

💡 Mais par exemple, imaginons tout à fait hypothétiquement qu'un grand groupe français de matériaux de construction ait financé l'organisation Daech, via une taxe à hauteur de plusieurs dizaines de milliers d'euros par mois.

Gee précise : « Simple exemple purement fictionnel et parfaitement irréaliste, bien sûr.  Appelons cette entreprise fictive “Lagerbe (TM)”. » Le smiley : « Nous nageons en pleine science-fiction, mais poursuivez, mon brave. »

▶️ Eh bien, il y aurait peu de chances que les raclures de fond de chiotte qui auraient pris la décision de financer le terrorisme subissent une garde à vue – même de 48 heures « seulement »…

La Geekette explique : « C'est un peu comme les impôts. T'es pauvre, tu paies pas, t'as une majoration directe et la justice au cul si tu corriges pas le tir.  T'es riche, tu paies pas, on te demande gentiment si tu veux pas payer quand même, dans les rares cas où une procédure est ouverte.  Le verrou de Bercy, qu'ça s'appelle. » Le smiley, blasé : « C'que ça verrouille surtout, c'est nos chances de nous attaquer aux puissants qui nous enfument. »

⚠️ De même, est-ce qu'une perquisition administrative chez les saloperies de mange-merde qui auraient collaboré avec l'ennemi aurait lieu ?

Mais non voyons, s'attaquer à un grand groupe, c'est potentiellement s'attaquer à sa croissance, et la croissance, c'est sacré.

D'ailleurs, n'ont-ils pas payé Daech pour sauver des emplois ?

Gee montre un empilement de pierres : « Je vous présente l'échelle des priorités de nos dirigeants. » Tout en haut, en gros, on a « 1) Croissance » ; puis « 2) Réduction de la dépense publique » ; une pierre craquelée dit « 3) Sécurité (barré) musellement social » ; tout en bas, une pierre défoncée dit « 4) Écologie, liberté, droits fondamentaux, etc. (si on a le temps, entre deux prosternations devant le Saint Marché) » Le smiley remarque : « En même temps, c'est vachement suranné, la dernière ligne. On va pas non plus chercher à améliorer la vie des gens… »

💡 Vous savez, dans notre histoire, on en a eu, des ramassis de crevures qui ont collaboré avec l'ennemi : ils dirigeaient alors Renault, et l'ennemi s'appelait le Troisième Reich.

Gee précise : « Ceci n'est pas un point Godwin.  Ceci est une comparaison légitime entre deux événements historiques impliquant des acteurs et des mécanismes comparables.  Merci de votre compréhension. » Hitler confirme : « Attends, même moi, j'trouve que Lagerbe (TM), c'est des grosses enflures. C'est dire. »

▶️ Eh bien, à la libération, on a nationalisé Renault, parce qu'on a considéré que le foutage de gueule, ça allait bien cinq minutes.

Le Geek, vieux, en prof au tableau, dit : « Bon, c'était pas dit comme ça, mais je synthétise. » Les élèves remarquent : « Il est chelou, le nouveau prof d'histoire… »

Franchement, si une entreprise dirigée par des empaffés de salopards comme Lagerbe™ existait, on pourrait peut-être s'autoriser à faire pareil, non ?

Voire même à les exproprier sans dédommagement.

Gee dit : « Je sais ce que vous allez dire : on sortirait un peu de l'État de droit.  Mais j'avais cru comprendre que ça gênait pas grand monde… » Un dirigeant s'excite, la bave aux lèvres : « Quoi ?! On pourrait me PRENDRE quelque chose ?! C'est un scandale ! » Une flèche indique : « Résidu de pourriture susnommé, dirigeant de Lagerbe (TM) ». Le smiley dit : « En même temps, vu le pognon qu'on perd à lutter contre le terrorisme, ce serait normal qu'on n'ait pas à casquer pour réparer leurs conneries… »

▶️ Figurez-vous qu'un amendement allant dans ce sens a été déposé à l'Assemblée Nationale.

Et je laisse le soin à Captain Spoiler de vous révéler le sort – ô combien surprenant – de cet amendement :

Captain Spoiler crie dans un mégaphone : « REFSUÉÉÉÉÉÉ ! » Le smiley, faussement surpris : « Quel incroyable rebondissement. »

Bref, s'ils existaient, les décideurs de Lagerbe™ pourraient dormir sur leurs deux oreilles : ils ne subiraient ni le terrorisme, ni le contre-terrorisme, mais vivraient du premier en nourrissant le second.

En attendant, nous, coincés entre les deux facettes immondes et totalitaires d'un même problème, nous sommes réduits à notre rôle tristement habituel :

Un dindon fait : « Glouglou ! Glou ! Glouglouglou ! »

⚠️ Bien sûr, comme dans toute farce, on n'est jamais à l'abri d'un coup de théâtre.

Gee dit en souriant : « Serait-ce le doux bruit des fourches que j'entends au loin ? » Un politicien, serein, répond : « Bah tiens, gros malin, pourquoi tu crois qu'on l'a faite, cette loi ? » Note : BD sous licence CC BY SA (grisebouille.net), dessinée le 5 octobre 2017 par Gee.

Publié le 5 octobre 2017 par Gee dans La fourche

🛈 Si vous avez aimé cet article, vous pouvez le retrouver dans le livre Grise Bouille, Tome III.

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