Harry Potter : pourquoi je hais les films

Publié le 21 septembre 2016 par Gee dans Comic trip
Inclus dans le livre Grise Bouille, Tome II

Je vous avais prévenus, la dernière fois, on va parler des films Harry Potter. Et pas en bien. Ça tombe sous le sens, mais je le précise : ceci n’est que mon opinion. Vous avez le droit d’aimer les films, ça m’est a priori complètement égal.

Au passage, j’ai encore éclaté mon record de longueur d’image…

Harry Potter – Pourquoi je hais les films

Les romans Harry Potter font partie de mes livres préférés. J'ai commencé à les lire en 6e – les trois premiers étaient parus – et les ai finis pendant ma prépa. Autant dire que j'ai grandi avec.

Juillet 2007. Gee, en train de lire dans son lit : Il est seulement 2h du mat' et on se rapproche de la bataille finale…  allez, je le termine. »

(Pour la petite histoire, j'ai fini à 7h du mat' mais ça valait le coup.)

Mais je déteste les films.

Vraiment.

Déjà, je n'ai jamais pu piffrer Daniel Radcliffe.

Ne me demandez pas pourquoi, je le trouve foncièrement antipathique.

Un film Harry Potter passe à la télé, on entend : « Rogue, il est trop méchant ! » Gee, énervé dans son fauteuil, crie sur la télé : « MAIS TA GUEULE !  TAAAAA GUEEEUULE !!! »

(Non, c'est à peine mieux en V.O.)

Beaucoup crient au scandale pour toutes les scènes coupées.

Ça ne me dérange pas tant que ça.

Les bouquins sont hyper-denses. Les adapter entièrement en films de 2 heures, c'est impossible.

Le smiley remarque : « Sinon, vu le rythme très lent des romans, ça aurait été plus sympa de les adapter en série télé, à une saison par bouquin.  Ça aurait aussi permis d'être flexible, en mettant plus d'épisodes pour les saisons correspondant aux bouquins plus longs… »

Non, ce qui me gêne, c'est la façon de trahir littéralement tout ce qui est, pour le coup, adapté à l'écran.

Comme cette fameuse scène de la Coupe de Feu :

Une citation du livre. « À présent, le professeur Dumbledore s'était tourné vers Harry qui soutint son regard en essayant de déchiffrer ce que ses yeux exprimaient derrière ses lunettes en demi-lune. “Harry, est-ce que tu as mis ton nom dans la Coupe de Feu ?”  demanda Dumbledore d'un ton très calme. » Harry est représenté penaud devant un Dumbledore le dévisageant calmement.

Dans le film, ça donne ça :

Dumbledore secoue Harry comme un dingue en hurlant, paniqué : « HARRY !!! EST-CE QUE T'AS MIS TON NOM DANS LA COUPE DE FEEUUU ?!! »

Encore une fois, dans l'absolu, je me fous que la scène du livre soit modifiée.

Mais juste…

Dumbledore crie sur Harry.

Réfléchissez. Repensez au Dumbledore du bouquin.

Et relisez cette phrase :

Dumbledore crie sur Harry.

Gee s'énerve en agitant les bras dans tous les sens : « Dumbledore crie sur Harry ! Non mais en lisant les bouquins, vous imaginiez un jour entendre Dumbledore CRIER sur Harry ?!  Et même, juste : VOUS IMAGINIEZ DUMBLEDORE EN TRAIN DE CRIER ?! » Le smiley : « Oui bah puisque le sujet est sur la table, si tu pouvais arrêter de nous gueuler dessus… »

Le Dumbledore du bouquin est excellent justement parce qu'il est calme en toute circonstance. C'est pour ça qu'il est rassurant, qu'il est impressionnant.

Hollywood nous a servi le cliché du vieux sage de la seule manière qu'il sache le faire :

Le Dumbledore du film représenté agitant les bras d'un air pseudo-mystérieux. « Wouuhouuu, je suis un vieux à la voix qui tremblotte et qui est hyper-puissant !  Des fois j'ai des sautes d'humeur parce que je suis hyper mystérieux, wouuhouuu ! » Une flèche indique : « (Gandalf bis) » Une autre flèche montre l'espèce de bague merdique qui tient la barbe de Dumbledore en place : « Ça c'est hyper-moche aussi. »

On pourrait aussi parler de cette fameuse scène du tome 4 où Barty Croupton fait condamner son fils Mangemort. Pour situer, Croupton est un politicien calculateur, un homme dur qui a peur de voir sa carrière entachée par un fils infréquentable. Ça se passe à peu près comme ça :

Dans un tribunal, le fils Croupton est enchaîné sur une chaise et tremble de peur en pleurant : « NOOOOON, JE SUIS INNOCEEENT, PAS AZKAABAAAAAN !  PIITIÉÉÉÉ, PÈÈÈÈRE ! » Une flèche indique : « Gamin désespéré qui supplie son père. » Le vieux Croupton, enragé, froid et violent, lui répond : « Tu n'es pas mon fils ! Je n'ai pas de fils ! EMMENEZ-LE !  Qu'il pourrisse à Azkaban ! » Une autre flèche indique : « Père froid, insensible, qui condamne son fils comme un étranger et le renie. »

Bien sûr, dans le bouquin, malgré cette scène, le père reste dans le camp du bien et le fils reste un fumier (parce que tout n'est pas noir ou blanc dans la vie).

Seulement, c'était sans doute trop subtil pour Hollywood.

Du coup, au cinéma, nous avons eu ça :

Le fils est complétement timbré, exultant avec un sourire de Joker, tenu par deux autres personnages : « YOUARRGRG BLLL-BLL-BLL !  JE SUIS UN VILAAAAIN !  BOUUARRRG ! MOI MÉCHAAAANT ! » Une flèche indique : « T'as compris, là, ou faut qu'on en remette une couche ? » Le vieux Croupton, avec un slip sur la tête, l'air abattu : « Mon Dieu, tu n'es pas mon fils… je dois te condamner… je n'ai pas le choix…  Pauvre de moi… » Une autre flèche indique : « C'est un gentil lui, t'as compris ? »

Et puis pour moi le pire, ça reste Voldemort.

Voldemort, putain…

Alors déjà, moi, dans ma tête, ne me demandez pas pourquoi, dans sa version réincarnée, il avait des cheveux.

Dans un salon de coiffure, la coiffeuse demande : « Ça va, la longueur, là ? » Voldemort, assis dans le fauteuil, se voit chauve dans le miroir : « Non mais C'EST QUOI, ÇA ?! »

J'ai une excuse : dans le livre où il apparaît dans sa forme réincarnée (La Coupe de Feu), il n'est JAMAIS dit qu'il était chauve. En fait, sa coiffure n'est pas mentionnée avant le septième tome : avant, on s'attarde surtout sur son nez de serpent et ses yeux rouges.

Voilà comment je l'imaginais :

Voldemort représenté différemment (il a des cheveux, évidemment). Des flèches indiquent : « mec tout fin, tout sec, squelettique » ; « voix froide et aiguë : “Endoloris !” » ; « fringué hyper-classe, genre “seigneur” des ténébres »

Le film étant sorti 4 ans après le bouquin, autant vous dire que cette image a eu le temps de s'imprimer dans ma tête.

Je vous laisse imaginer ma réaction en voyant le Voldy de l'écran.

Voldemort représenté comme dans le film. Des flèches indiquent : « mec de corpulence normale » ; « voix chevrotante : “Niiiaarrryyyy Pootteerr…” » ; « tête de skinhead albinos » ; « fringué comme un clochard (v'là le seigneur…) »

Et je passe sur toutes les incohérences apportées à l'univers, comme le fait que les personnages gardent leurs voix en prenant du Polynectar (mais pas toujours, ça dépend de l'humeur du réalisateur).

Hermione tend du Polynectar à Ron et Harry : « Alors, c'est une version du Polynectar un peu spéciale.  Tout ton corps est transformé, SAUF tes cordes vocales. » Harry, dubitatif : « Mais du coup, ça va pas être un peu flag si on doit, euuh… parler ? »

En fait, le fond du problème, c'est d'avoir voulu transposer ces bouquins en films d'action, alors que ce sont avant tout des histoires d'enquêtes (pas policières, mais pas loin).

Des rouages qui se mettent en place un par un tout au long de l'histoire et qui forment un mécanisme qu'on ne comprend qu'à la toute fin, avec les dernières révélations.

L'action n'est là que pour ajouter de l'intensité à ces dernières révélations.

Gee dans son lit, l'air ravi de lire, pense : « Aaaaaaaaaaah d'accoooooord !  Roh comment c'est trop bien. » Une flèche indique : « Réaction classique quand tu comprends toute l'intrigue à la fin d'un tome de Harry Potter. »

Et ce n'est PAS une question de durée.

Quand on AJOUTE des scènes qui n'étaient pas présentes dans le livre, c'est un choix scénaristique assumé.

Un réalisateur sur sa chaise dit dans son mégaphone : « Bon, maintenant qu'on a vidé le scénario de toute sa substance, ça vous dirait qu'on ajoute une attaque des Mangemorts chez les Weasleys, comme ça, pour la déconne ? » Une flèche indique : « Réalisateur de la famille de Dolores Ombrage. »

Le pire, c'est qu'ils ont réussi à foirer magistralement le combat final entre Harry et Voldemort, encore une fois parce qu'il fallait en faire une scène d'action alors que le combat est avant tout psychologique dans le livre.

Le smiley demande : « Psychologique ? » Gee : « Qui se passe dans la tête. » Le smiley : « Tu veux pas dire “agricole” ? »

La version du livre, c'est à peu près ça :

Une BD représente la séquence finale. Case 1. Voldemort et Harry se font face, Voldemort dit : « Alors, qui vas-tu utiliser comme bouclier aujourd'hui, Potter ? » Case 2. Harry répond : « Personne. Il n'y a plus d'Horcruxe. C'est juste toi et moi. »

Case 3. Plan rapproché sur les yeux de Harry qui dit : « Aucun ne peut vivre tant que l'autre survit. Et l'un de nous deux va bientôt partir pour de bon. » Case 4. Voldemort, de côté, l'air haineux : « L'un de nous ?  Et tu t'imagines que ça va être moi ? »

Case 5. Harry, déterminé : « Tu ne tueras plus personne ce soir. Tu n'apprends donc jamais de tes erreurs, Jedusor ? » Case 6. Plan rapproché sur les yeux de Voldemort qui est stupéfait : « Tu oses… »

Case 7. Harry en plan large : « Oui, j'ose, Tom Jedusor. Parce que je sais des choses que tu ignores. Des choses importantes.  Tu veux savoir lesquelles, avant de faire une autre erreur ? » Case 8. Voldemort se moque : « Est-ce que c'est encore “l'amour” ? Hahaha ! La lubie de Dumbledore, qui ne m'a pas empêché de le faire tuer ! » Case 9. Harry, souriant, confiant : « Oui, l'amour. Celui, pour ma mère, qui a fait de ton soi-disant allié, Rogue, un espion à la solde de Dumbledore.  Tu n'as pas tué Dumbledore, Jedusor, il a choisi sa mort ! » Case 10. Plan large, on voit les deux personnages se faire face comme dans un duel de western. Harry dit : « Maintenant, tu devrais essayer de te repentir… d'éprouver des remords… »

Case 11. Plan sur les yeux de Voldemort, fulminant de colère : « Tu oses… » Case 12. Plan sur les yeux de Harry, toujours déterminé : « Oui, j'ose ! »

Harry, qui a passé le plus clair des 7 livres à fuir devant Voldemort, qui avait toujours un coup d'avance et dominait Harry, inverse la tendance. Il l'appelle par son nom, il lui parle froidement, calmement. Il maîtrise la situation, pour la première fois en 7 tomes. Cette scène est la conclusion la plus satisfaisante qu'il était possible de faire après tout ce périple.

Case 13. Le soleil se lève… tout a été dit… Les deux envoient leurs sortilèges au même moment, « Expelliarmus ! » pour Harry, « Avada Kedavra ! » pour Voldemort.

Case 14. Les deux rayons se heurtent au milieu et ricochent. Case 15. Voldemort est frappé par son propre sortilège.

Case 16. Plan sur le visage de Voldemort, mort, gisant au sol, avec Harry en arrière-plan, toujours debout. Case 17. YEEEAAAAAAAAHH !

Bref, cinématographiquement, ça aurait pu claquer si ça avait été géré comme un duel à la Sergio Leone.

Deux opposants qui se toisent, une tension qui monte de plus en plus et BOUM, la résolution fatale en une seconde.

Mais voilà, la version du film, c'était cinq minutes de ça :

Harry et Voldemort s'accrochent à leurs baguettes qui sont reliées par un rayon avec une grosse boule de lumière au milieu. Ils tremblent en gémissant : « GGgggnnnnnnnééééééaaaaahhhhhh ! »

(On ne sait pas trop ce qu'ils font. Le coup du faisceau qui relie les baguettes n'apparaît qu'au tome 4, normalement. Et il correspond à un phénomène magique bien décrit qui n'a absolument rien à foutre ici.)

Et puis :

Gee, un air satisfait idiot sur le visage : « Yoopy ! J'ai fait une tête de constipé mieux que Voldy, j'ai gagné ! » Le rayon frappe Voldemort qui se décompose en petits morceaux. Une flèche indique : « Effet spécial à la con juste là pour dire qu'on sait faire des effets spéciaux à la con. »

Je laisserai donc conclure mon estimé camarade, j'ai nommé Peeves, l'esprit frappeur.

Peeves est représenté en train de pisser sur le logo Warner Bros : « Fallait pas me snober, bande de Cracmols ! Pas vrai, Winky ? » Winky, l'elfe, est en train de sangloter dans un coin : « Si… snif snif… »

Et vive le Front de Libération des Elfes de Maison.

Note : BD sous licence CC BY SA (grisebouille.net), dessinée le 20 septembre 2016 par Gee.

Publié le 21 septembre 2016 par Gee dans Comic trip

🛈 Si vous avez aimé cet article, vous pouvez le retrouver dans le livre Grise Bouille, Tome II.

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