Hexadécimal & Boby Lapointe

Publié le 6 juin 2017 par Gee dans Tu sais quoi ?
Inclus dans le livre Grise Bouille, Tome III

Encore un article de vulgarisation où on va parler de nombres, de binaire, de tout ça… mais cette fois, on revient à la base, à la notion même de comptage. Et on évoque aussi un joyeux luron qui, bizarrement, a laissé une petite trace dans cet univers qu’on ne rattacherait pourtant pas au sien, instinctivement.

Hexadécimal & Boby Lapointe

Bon, je suis pas fortiche en intro, mais on m'a dit qu'il fallait toujours partir du concret, alors voilà.

Vous êtes-vous déjà retrouvé dans cette situation ?

Un mec lambda, derrière son PC, regarde un morceau de papier et s'interroge : « Alors, la clef du WiFi…  143F C58E 48DO…Ah mince, c'est un zéro ou un “o” ? »

Si oui, alors c'est que vous ne connaissez pas l'hexadécimal !

Le mec lambda balance le papier d'un air très content, en tirant la langue : « Eh bien non ! Et j'en ai rien à carrer ! » Gee, l'air pas commode : « Ouais, bah si tu veux savoir pourquoi y'a aussi Boby Lapointe dans le titre, faudra lire quand même. » Le mec : « Roh le fourbe. »

Dans mes articles, je vous cause souvent de binaire, de bits, etc.

Mais le binaire, c'est quoi ?

Mec lambda, toujours souriant : « C'est par exemple un type pas nerveux du tout. Parce qu'il a que deux nerfs.  J'ai bon ? » Gee, l'air désespéré : « Mékilékon. »

Le binaire, c'est un système de comptage, comme le décimal qu'on utilise plus couramment. Sauf qu'au lieu d'avoir 10 symboles (de 0 à 9), on se limite à 2 symboles (0 et 1). Mais sinon, ça fonctionne pareil !

Un tableau montre le comptage décimal, 0, 1, 2, 3 jusqu'à ce qu'on ajoute une dizaine, 10, 11, etc. À côté le comptage binaire, 0, 1, puis on ajoute déjà un 1 devant, 10, 11, puis 100, 101, 110, 111, 1000, 1001, 1010, 1011, etc. Pour l'exemple, un système à trois symboles que je viens d'inventer à l'instant suit le même principe, on prend alternativement chaque symbole, et quand on a fait le tour, on recommence avec le symbole suivant sur les « dizaines », et ainsi de suite. Une flèche précise, à côté des trois tableaux alignés : « Sur chaque ligne, c'est le même nombre qui est représenté, en utilisant un système différent. »

Les nombres « ronds » sont des puissances de la base :

En décimal, c'est 1, 10, 100, 1000, soit 10 puissance 0, 10 puissance 1, 10 puissance 2, 10 puissance 3, etc. En binaire, 1, 10, 100, 1000 correspondent à 2 puissance 0, 2 puissance 1, 2 puissance 2, 2 puissance 3, soit 1, 2, 4, 8 etc. Même chose pour « mon système » avec des symboles chelous qui donnent des puissances de trois : 1, 3, 9, 27, etc. Gee précise, en voyant la tronche des symboles : « Bon dans mon système, c'est plus des nombres rectangles que des nombres ronds, mais on va pas chipoter… »

Comme l'informatique fonctionne en binaire, on est très souvent amenés à manipuler des nombres binaires, et comme le binaire n'a que 2 symboles, le nombre de chiffres nécessaires pour représenter un nombre devient vite immense.

Le nombre décimal 10031989 devient le nombre binaire 100110010001001101110101. Une flèche indique : « Enlarge your digits » entre les deux.

Convertir un nombre binaire en décimal ne peut se faire directement et nécessite des calculs.

Alors on a inventé un comptage à la fois plus facile à lire que le binaire (plus économe en nombre de chiffres) ET qui se convertit directement en binaire : l'hexadécimal.

Le mec lambda fait semblant d'être intéressé : « Roooh, mais dis-moi mon Gee, c'est quoi cet hexadécimal avec lequel tu nous teases depuis la première image, hein-hein-hein ?  Dis-dis-dis ? » Gee, toujours blasé : « T'as fini de t'foutre de moi, oui ? »

Un texte et un petit dessin sont rayés, indiquant une erreur. Le texte dit : « L'hexadécimal, comme son nom l'indique, fut un temps en couple avec le décimal. », le dessin représente le smiley qui précise : « D'ailleurs, on dit l'ex DE décimal quand on sait causer. »

L'hexadécimal, comme son nom l'indique, est un système à 16 symboles.

Comme on avait moyennement envie d'inventer des symboles pour compléter nos 10 chiffres, on a fait au plus simple : on a ajouté des lettres.

Une table de conversion : le nombre 0000 en binaire, 0 en héxadécimal, 0 en décimal ; le nombre 0001 en binaire, 1 en héxadécimal, 1 en décimal ; le nombre 0010 en binaire, 2 en héxadécimal, 2 en décimal ; jusqu'aux nombres 1010 en binaire, A en hexadécimal, 10 en décimal ; 1011 en binaire, B en hexadécimal, 11 en décimal ; jusqu'à 1111 en binaire, F en hexadécimal, 15 en décimal.

Gee précise : « Du coup, faut pas s'planter. Le nombre 10, en binaire, ça veut dire 2 en décimal.  Le nombre 10 en hexadécimal, ça veut dire 16 en décimal.  Et le nombre 10 en décimal, bah ça veut dire euh…  10 en décimal… » Le smiley se gratte la tête : « Tu m'as perdu, sur le dernier. »

Aucun calcul à faire, il suffit de prendre les nombres binaires par groupes de 4 : ça nous donne des nombres hexadécimaux !

Des nombres binaires donnent des nombres hexadécimal qui forment des mots : 1100101011111110 donne CAFE en hexadécimal ; 1111101011011110 donne FADE ; 1100101011001010 donne CACA. Le smiley commente d'un air blasé : « Y'a des 765950s qui se perdent… »

Donc lorsque vous lisez un code qui contient des chiffres et des lettres, si les lettres se limitent à A, B, C, D, E et F, il y a beaucoup de chances que ce soit un code hexadécimal !

Et du coup… votre symbole ambigu, il y a de fortes chances que ce soit un zéro !

(Puisque la lettre « o » n'est pas utilisée en hexadécimal.)

Le mec lambda, un peu blasé : « Super, merci. Sinon, avec le temps que j'ai mis à lire tes conneries, j'aurais juste pu essayer une fois avec la lettre “o” et une fois avec zéro… et voir ce qui marchait. » Gee, les bras croisés : « Ouais, mais t'aurais pas su, pour Boby Lapointe… » Le mec lambda : « Fichtre… »

Ah oui, alors… Boby Lapointe.

Je rappelle que ce monsieur était un auteur de chansons humoristiques remplies de jeux de mots et de calembours tordus.

Boby est représenté avec un hélicon à la main : « J'te présente mon ami Élie, qui n'est pas très intelligent* ! » Gee est à genoux devant lui, les mains qui font la prière, et pleure de joie : « Snif… mon héros ! »

Référence à sa chanson « L'Hélicon ». Il a enregistré une cinquantaine de chansons et elles regorgent toutes de trucs dans ce genre. Si vous ne connaissez pas, FONCEZ !

Eh bien vous l'ignoriez peut-être, mais Boby Lapointe était aussi un geek en son temps (quand je vous dis que c'était un type formidable).

Tux précise : « Bon, il est mort en l'an 2 du temps Unix*, ça faisait un peu tôt pour nous connaître… » Le gnou complète : « Ouais, mais j'suis sûr qu'on aurait été potes. »

Soit 1972 dans le calendrier grégorien, voir l'article Le bug de l'an 2038.

Et comme Boby était taquin, il a considéré qu'on pouvait parler de bi-binaire pour une base 4 (22) et de bibi-binaire — ou bibi, pour les intimes – pour une base 16 ((2x2)2), ce qui est quand même vachement plus rigolo que « hexadémical ».

Le smiley regarde le texte du dessus en disant : « D'autant plus qu'il y a une faute à “hexadécimal” ci-dessus. »

Mais le génie du sieur Lapointe, ça a été de proposer un nouveau jeu de symboles pour les 16 « chiffres » hexadécimaux et surtout, un mot (ou plutôt une syllabe) pour chaque :

Un tableau montre la composition des symboles : on met les 4 bits en carré et on les relie lorsqu'ils sont à 1 (en gros). De 0 à 15, les nombres sont appelés en 4 groupes de 4, une voyelle par unité et une consonne par « dizaine » : ho, ha, he, hi, bo, ba, be, bi, ko, ka, ke, ki, do, da, de, di

Voilà, alors désormais ne parlez plus comme des FADAs, dites dikedake !

Une dame montre un poster en disant : « T'as déjà vu “Les beba dalmatiens” ? » Un personnage de manga s'exclame : « IT'S OVER HEHIHEKO ! »

Une femme en train de lire « Le tour du monde en baho jours » de Jules Vernes et commente : « J'ai préféré “Bodeheho lieux sous les mers”… » À la télé, un présentateur dit : « Et d'après une étude de “Hikahikobihoho consommateurs”… »

Bref, soyez geeks et poètes…

Parlez le bibi-binaire !

Le mec lambda est un peu perdu et demande à Gee : « T'as changé la clef WiFi ?  Ça marche pas quand je tape ça… » Il tient un papier sur lequel est écrit : « DOKEDIDEDIKEDADEDOKEDOKE ». Gee s'en va en sifflotant d'un air malicieux.

Et merci Boby…

Note : BD sous licence CC BY SA (grisebouille.net), dessinée le 6 juin 2017 par Gee.

Publié le 6 juin 2017 par Gee dans Tu sais quoi ?

🛈 Si vous avez aimé cet article, vous pouvez le retrouver dans le livre Grise Bouille, Tome III.

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