La guerre, c’est la paix

Publié le 5 février 2015 par Gee dans La fourche
Inclus dans le livre Grise Bouille, Tome I

L’actualité politique étant relativement chargée depuis le début de l’année (c’est le moins qu’on puisse dire), je dois dire que cela m’a assez démangé d’avancer l’ouverture du blog pour pouvoir en parler… finalement, je suis resté sur l’idée de l’ouvrir le 30 janvier, parce qu’il n’y a pas de raison que je cède à l’hystérie collective que je critique justement.

Commençons donc les hostilités… Pour inaugurer cette section plus orientée politique et caricature, je pense que je ne pouvais pas ne pas faire un (très court) résumé de la politique actuelle en matière de lutte contre le terrorisme et contre Internet (parce que c’est de cela qu’il s’agit, non ?).

La guerre, c'est la paix

Que les actes de nos politiciens* soient rarement en accord avec leurs paroles, nous y sommes habitués. Mais là, on atteint une telle opposition entre les deux que je ne serais pas surpris de les entendre citer très sérieusement un slogan du tristement prémonitoire 1984 : « la guerre, c'est la paix », « la liberté, c'est l'esclavage », etc.

Je n'ose utiliser le terme « représentant » tant il y a belle lurette qu'ils ne représentent plus personne.

Un politicien, la main sur le cœur, une pancarte « Je suis Charlie » à la main, déclare d'un air solennel : « Liberté d'expression !  Non à la censure ! » Hors-champs, quelqu'un dit : « Moi z'aime bien les terrorizztes… »

Le politicien se retourne, la bave aux lèvres, son panneau devenu « Je suis hystérique ». Il hurle : « RRAAAAAAH, FAITES TAIRE CET HÉRÉTIIIIQUE !  QU'ON L'ENFEERRMME ! » Un homme tient son bébé dans les bras et dit d'un air stupéfait : « Mais il n'a que 18 mois ! C'était sa première phrase complète ! »

Ces politiciens qui ont à cœur de « réguler Internet »…

Une élue avec un air hautain sur le visage : « Parce qu'au bout d'un moment, hein n'est-ce pas, on va pas s'mentir ma bonne dame, il faut un peu briser les tabous, hein.  Il faut qu'Internet CESSE d'être une zone de NON-DROIT. »

… et qui se torchent avec les principes de la République dès qu'il s'agit du réseau en question.

La même élue poursuit : « Voilà, nous avons le choix RESPONSÂÂÂBLE de permettre la censure administrative des sites web.  Donc sans décision de justice. » Gee, pensif, répond : « Euuuh, la séparation des pouvoirs et le droit à un procès équitable, ce ne sont pas les fondements d'un état de droit ? »

Ces politiciens qui ont à cœur de lutter contre le terrorisme…

Un politicien pointe quelqu'un du doigt : « Tu as dit que les terroristes avaient eu raison et que les victimes l'avaient bien mérité ?!  PRISON FERME !  Ça t'apprendra à réfléchir avant de dire des conneries ! » Le smiley commente : « Dis donc, si on commence à enfermer les cons, ça n'va pas arranger la surpopulation carcérale… »

… et grâce à qui on envoie en taule – avec une légèreté affligeante – des types qui ont de grandes chances d'en ressortir pires qu'avant.

Gee regarde la télé. On entend le son : « Les terroristes se seraient donc radicalisés en prison après avoir été incarcérés aux côtés d'extrémistes… » Gee est blasé est commente : « Super… ça va peut-être donner l'idée à certains “apologues” de joindre l'acte à la parole…  Mais je conçois que ce soit difficilement imaginable pour un politicien… »

Donc, chers politiciens,

si je résume…

vous avez transformé Internet en une zone de non-droit,

ce que vous prétendiez combattre,

vous avez lancé de potentielles vocations de terroristes aux quatre coins de la France,

ce que vous prétendiez combattre également.

BIEN JOUÉ.

Le Geek et le Nerd regardent la télé. Le Geek commente : « Tiens, ils rediffusent encore le Dîner de Cons ? » Le Nerd : « Nan, t'as juste zappé sur LCP… » Le Geek : « J'me disais aussi, un dîner à 577, ça faisait beaucoup. » Note : BD sous licence CC BY SA (grisebouille.net), dessinée le 4 février 2015 par Gee.

Publié le 5 février 2015 par Gee dans La fourche

🛈 Si vous avez aimé cet article, vous pouvez le retrouver dans le livre Grise Bouille, Tome I.

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