L'avait qu'à bien travailler à l'école
Allez, ça faisait longtemps que j'avais pas fait une petit BD politique (hors dessins de presse), voici donc ce que je pense des arguments comme « l'avait qu'à bien travailler à l'école » pour justifier de la précarité de certaines classes sociales…
L'avait qu'à bien travailler à l'école
💡 Avec l'ambition de Macron de relever l'âge de la retraite à 65 ans, vous avez peut-être entendu ou lu ce genre d'argument :
C'est un mécanisme qui revient souvent : naturaliser les inégalités sociales en les justifiant par le mérite à l'école, dans les études, etc.
Pas mal de gens semblent trouver normal – et même acceptable – que nos qualités de vies respectives soient déterminées par ce que nous faisions quand nous avions 14 ans.
Alors déjà, heureusement qu'on fait pas pareil pour l'intégralité de nos vies…
⚠️ Mais le pire, c'est qu'on sait, sociologiquement, que l'école reproduit assez mécaniquement les rapports sociaux, et que le contexte familial et économique d'un ou une élève a bien plus d'influence sur ses résultats scolaires que ses efforts ou son mérite.
💡 Histoire de laver tout soupçon d'aigreur dans mon propos, je précise ici que moi, en l'occurrence, je travaillais bien à l'école : j'ai eu mon bac S avec mention « très bien » et j'ai poursuivi mes études supérieures jusqu'au doctorat.
On pourrait aussi évoquer le fait que l'école ne convienne pas forcément à tout le monde, ou encore que la notion de « mérite » puisse largement s'inverser APRÈS l'école, justement.
⚠️ Sauf que voilà : pas mal de gens semblent d'accord avec le fait qu'une situation professionnelle difficile soit une sorte de punition par rapport à des agissements passés. Et que la société repose entièrement sur des postes dont la précarité est complètement assumée comme le lot des personnes perdantes d'une juste compétition.
Même en mettant de côté l'énorme mépris constitutif de ces raisonnements, d'un pur point de vue d'organisation de la société, cette façon de justifier un monde injuste par « l'avait qu'à bien travailler à l'école » ne tient pas…
▶️ Imaginons un monde parfait où 100 % des gens travailleraient bien à l'école et feraient des études supérieures… qui irait bosser à la chaîne ou faire le ménage ?
⚠️ Parce que vouloir lutter contre la précarité en « améliorant la formation », comme ils disent, ça ne peut pas marcher, parce que ça ne peut mener qu'à ça : le déplacement de la compétition vers des sur-qualifications à tous les étages.
En gros, « l'avait qu'à bien travailler à l'école », ça passe pas à l'échelle macroéconomique…
Le seul moyen d'améliorer les conditions de vie des personnes « qui n'ont pas fait d'études », c'est pas de leur permettre de faire autre chose…
… c'est d'améliorer leurs conditions de vie, c'est tout.
▶️ Pour conclure : s'il y a des travaux lourds, pénibles et fatigants dont la société a besoin, arrêtons de nous satisfaire de la précarité qui en découle en la justifiant par cette connerie du « l'avait qu'à bien travailler à l'école ». Répartissons ces travaux de manière à réduire leur pénibilité et donnons aux personnes qui les font une juste rétribution et des conditions de vie digne.
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