Novlangue (version réduite)
J’inaugure aujourd’hui une nouvelle section, Jukebox, qui regroupera des compositions musicales (non-comiques, je précise).
J’ai enregistré cette chanson en novembre dernier sans trop savoir ce que j’allais en faire et comment j’allais la diffuser. Finalement, l’actualité fait que j’ouvre cette nouvelle section sur ce blog, sans trop savoir ce que j’en ferai à l’avenir. D’autres chansons (j’en ai quelques-unes en stock) pourront éventuellement être diffusées plus tard.
Une chanson écrite sous le coup de la colère d’entendre rabâcher les mêmes mots et les mêmes concepts dans nos médias au marteau-piqueur et, pire, de les entendre répétés par des connaissances. Inspirée aussi par Lepage qui nous explique qu’on a volé les mots pour critiquer le pouvoir en place. À l’heure où l’on nous sort une énième loi pour relancer la « compétitivité » et la « croissance » et où on nous demande de voter pour une des deux faces d’une même pièce, il me semblait adapté de la dévoiler aujourd’hui.
Cette chanson s’appelle Novlangue, elle est bien évidemment placée sous licence CC By Sa (paroles + musique). Elle a été enregistrée en duo avec moi-même, comme vous pouvez le voir dans la version vidéo (vous pouvez aussi écouter la version audio sur Soundcloud). Il s’agit d’une version réduite, car elle est à la base prévue pour 2 guitares + basse + batterie (et éventuellement clavier). Un jour peut-être, je ferai cette version complète…
Et voici les paroles (vous pouvez également retrouver les accords/tablatures) :
Des comédies, des comédiens, des avatars entrent à la scène
D’un cirque plein d’air quotidien ou d’un simulacre d’arène
Bien accordés, répètent en chœur la litanie du monde infâme
La bride a lâché, la machine ne s’embarrasse plus d’états d’âme
Les chiens de garde au garde-à-vous
Les hérétiques en garde-à-vue
Des experts autoproclamés pour éduquer la populace
Faudrait pas que te vienne l’idée de regarder le monde en face
Faut qu’on t’explique, que tu comprennes que tu n’pourras jamais comprendre
N’essaie pas d’attraper les rênes, la parole n’est plus à prendre
Écoute nos éléments de langage exsangues
Novlangue (Il faut rétablir la valeur travail)
Novlangue (Il n’y a aujourd’hui que la croissance qui vaille)
Novlangue (Pour rendre le pays compétitif)
Novlangue (Briser le dogme redistributif)
Novlangue (Soigner le cancer de l’assistanat)
Novlangue (Dans une logique de partenariat)
Novlangue (Faire évoluer le contrat social)
Novlangue (Sous le contrôle du corps électoral)
Des quartiers défavorisés mis sous vidéo-protection
Ne dis pas qu’ils sont exploités, que la surveillance a un nom
Où encore qu’exilé fiscal est synonyme de parasite
Que l’assistanat est un mal qu’on voit surtout chez les élites
Mais tu dois être positif
Pour le grand effort collectif
Des comédies, des comédiens, mais vois, la tragédie perdure
Va donc aux urnes, citoyen, va légitimer l’imposture
Des représentants corrompus se targuent d’être responsables
Et ne représentent que leurs culs et leur petite caste minable
Mais elle est pour nous, leur harangue
Novlangue (Il faut bien sûr restaurer la confiance)
Novlangue (Par la rigueur d’une politique de relance)
Novlangue (Nous avons convenu d’un plan de sauvetage)
Novlangue (Pour aller bien au-delà des clivages)
Novlangue (Il faut un effort de pédagogie)
Novlangue (La lutte des classes aujourd’hui c’est fini)
Novlangue (L’impôt ne saurait être confiscatoire)
Novlangue (Nos élites doivent continuer à y croire)
Novlangue (Il faut briser tous les tabous)
Novlangue (Le passéisme doit être dissout)
Novlangue (Encourager la flexibilité)
Novlangue (Dans un élan de pragmatisme assumé)
Novlangue (Décomplexer notre démocratie)
Novlangue (Le code du travail doit être assoupli)
Novlangue (Pour instaurer un développement durable)
Novlangue (Par une croissance éco-responsable)