Bobologie aux urgences (1/3)

Publié le 16 octobre 2020 par Gee dans La fourche
Inclus dans le livre Grise Bouille, Tome V

Voici le début d’une BD en trois parties, et qui va causer bobologie, urgences… mais plutôt d’un point de vue très personnel, pour changer un petit peu 🙂

Bobologie aux urgences (1/3)

💡 En ce moment, on parle de l'instauration d'un forfait payant pour les passages aux urgences ne menant pas à une hospitalisation.

Un tableau avec une question à choix multiples. « Les services d'urgences sont régulièrement débordés, les temps d'attente y explosent, ce qui augmente le risque de ne pas prendre en charge un patient grave à temps. Que faire ? A. Donner plus de moyens au système hospitalier / B. Dissuader les gens de se soigner » Macron regarde le tableau et dit : « Trop faciles, ces questions ! »

Bon.

Pour une fois, je ne vais pas vous faire un article qui beugle sur le capitalisme triomphant qui détruit nos biens communs.

Aujourd'hui, exceptionnellement, je vais vous parler de moi.

En particulier, d'une histoire personnelle dont je n'ai jamais parlé publiquement auparavant…

Le smiley ironise : « Ça y est, 10 ans de blog, et ça sort son autobiographie, comme si on en avait quelque chose à carrer de son petit trou-de-balle… » Gee répond : « Tu crois pas si bien dire… #spoiler »

💡 Il y a de ça 10 ans 14 ans (la vache, ça file), à l'automne 2006 donc, j'étais jeune bachelier en classes préparatoires dans la jolie ville de Nancy.

Gee montre un contrôle noté 17/20 et un autre 7/20 et dit, en souriant d'un air gêné : « Prépa où j'ai malencontreusement égaré le chiffre des dizaines sur mes notes… » Le smiley dit : « Paraît que ça arrive souvent. »

Un jour, je suis pris de maux de ventres. Une sorte de douleur diffuse, légère mais permanente, accompagnée de crampes régulières et extrêmement douloureuses.

Comme je le découvrirais plus tard, à l'hôpital, on vous demande régulièrement de quantifier votre douleur entre 0 (aucune douleur) et 10 (pire douleur que vous puissiez imaginer – oui, c'est un peu subjectif mais on peut difficilement faire mieux), je vous fais donc le graphique :

Le graphique montre une douleur autre de 1 ou 2 permanente, et de temps en temps, des crampes où ça monte à 9 sur un palier de quelques secondes. Le smiley dit : « Si tu faisais des graphiques moches comme ça en prépa, faut pas t'étonner pour tes notes… » Gee : « Mais tu vas me lâcher, oui ? »

⚠️ Avertissement : à partir de maintenant, cet article va régulièrement tourner autour du système intestinal, digestion, selles, etc. Si vous êtes sensibles à ces sujets ou facilement sujets à l'écœurement, n'hésitez pas à aller lire autre chose.

Pour celles et ceux du fond qui n'auraient pas compris : on va causer côlon/caca/chiasse, et j'ai pas l'intention de faire dans la poésie pour les termes employés.

Le smiley : « Ah bah oui, c'est plus clair comme ça. »

▶️ Je reprends : ces maux de ventre sont accompagnés d'une forte sensation de constipation, mais lorsque je vais aux toilettes, j'ai plutôt un truc proche d'une diarrhée. Pas grand-chose qui sort, mais c'est liquide, quoi.

Déjà, c'est top, comme symptômes à expliquer quand je me rends à la médecine scolaire – oui, la prépa, c'est dans un lycée.

L'infirmière : « Mais vous êtes constipé ou vous avez la diarrhée ?  » Gee : « Baaah, j'sais pas, j'ai l'impression que c'est les deux ! » L'infirmière : « Ah non, c'est l'un ou l'autre.  C'est la chiasse ou c'est la brique ? » Gee : « Beeeeeen… »

Bref, je rentre me reposer avec du Spasfon.

Pendant la journée le problème persiste : j'ai la sensation d'avoir un truc énorme à démouler (j'avais prévenu pour le vocabulaire) mais qui ne passe pas, et j'ai que de la flotte (en petite quantité) qui passe.

Gee a une bouteille d'eau dans la main et dit : « Au bout d'un moment, c'est même littéralement de la flotte.  Genre, ça sent rien et c'est transparent.  Je vous avoue qu'au moment où tu te mets à chier de la Cristalline, tu flippes, c'est humain. »

▶️ Le lendemain matin (il me semble, les souvenirs sont pas nets), c'est passé. Plus rien, plus mal au ventre.

Et une grosse victoire :

Gee sur ses toilettes, on entend un « plouf » et il s'écrie : « YEEEEEEEEEEEEEESSSSSS !!! »

Du coup, bien content, j'oublie et je passe à autre chose.

Sauf qu'au cours des années suivantes, le phénomène va se répéter… de temps en temps.

Gee précise : « Je n'ai pas tenu les comptes, mais à la louche, je dirais une à deux fois par an…  Toujours les mêmes symptômes : douleur diffuse et grosses crampes, sensation de constipation et petite diarrhée qui tourne parfois à la flotte totale.  Ah oui, et aussi : ventre gonflé qui durcie fortement pendant les crampes en faisant des bruits de tyrannosaure. »

En général, ça finit par passer après la nuit, parfois ça persiste un ou deux jours de plus.

⚠️ Je n'arrive pas à identifier de facteur déclencheur : ça m'arrive à des périodes où j'ai une alimentation saine comme à des périodes de malbouffe/excès/fêtes, ça m'arrive pendant des périodes de stress comme pendant des périodes tranquilles, etc.

Je finis par « apprivoiser » le mal : lorsque je sens les premières douleurs, je me mets en repos, j'essaie de dormir et, en général, ça passe assez vite.

La Geekette demande : « Et tu t'es pas dit qu'il y avait un problème et qu'il faudrait peut-être en parler à un médecin ? » Gee : « Euuuuuuuh… non. »

Avec le recul, je ne sais pas exactement pourquoi je ne suis jamais allé voir un médecin. Il y a sans doute un peu de tout ça :

Gee pense tout un tas de trucs : « C'est toujours passé tout seul jusqu'ici, c'est sans doute pas si grave. / Si je vais voir un médecin hors-crise, j'y vais sans symptôme, ça sert à rien. /Si je veux voir un médecin pendant une crise, le temps d'avoir un rendez-vous, ça sera sans doute passé… / Si je vais aux urgences, j'vais attendre 4 heures dans le couloir, j'ai déjà donné quand je me suis tordu la cheville… / Si ça s'trouve, c'est une maladie grave et incurable, j'préfère pas savoir et vivre l'esprit libre tant que je peux… » Le smiley remarque : « À mon avis, c'est cette dernière connerie qui prédominait. »

Presque 10 ans passent avec ce problème qui m'accompagne, et toujours un petit stress dès qu'un début de mal de ventre se déclenche : est-ce que c'est une nouvelle crise ? Est-ce que je vais encore me tordre de douleur dans mon pieu toute la journée ?

▶️ On arrive à un certain soir du 13 novembre 2015, je suis dans un avion qui me mène en Angleterre pour ma première semaine de congés depuis que je suis salarié dans l'entreprise que j'ai intégrée quelques mois plus tôt.

Sauf que pas de bol, une nouvelle crise a commencé peu avant le décollage.

Gee est dans l'avion et est plié en deux en pensant : « Fait chier fait chier fait chier fait chier fait chier fait… » Le smiley rigole : « Façon de parler, bien sûr. »

À l'atterrissage, on apprend le massacre du Bataclan et des terrasse à Paris, on passe devant Tower Bridge illuminé bleu/blanc/rouge, ambiance surréaliste, et moi avec mon sale bide qui me fait vivre l'enfer.

Gee derrière une télé, stupéfait : « Bon forcément, devant les nouvelles, tu relativises légèrement tes petits problèmes gastriques… M'enfin ça sent déjà les vacances qui commencent super bien…  »

J'essaie de me dire que ça va passer, mais le lendemain, le mal est toujours là.

Et le surlendemain aussi.

J'essaie de me reposer.

Sauf que les vacances étaient censées être un roadtrip pour visiter un peu le pays : on devait faire un circuit par Oxford, Bristol, Cardiff, Liverpool, York et Cambridge.

Pour le repos, on repassera.

Gee sur ses toilettes, blasé : « J'aurais limite préféré un roadtrip en Amérique du Sud avec la tourista, à ce compte-là… »

▶️ On arrive à Oxford où je voulais visiter la Jericho Tavern, bar mythique où Radiohead a donné son tout premier concert lorsqu'ils étaient encore tout jeunots… Finalement, après 5 jours de maux de ventre de plus en plus intenses et d'absence totale de selles, ce sont les urgences que je me décide (enfin) à visiter.

Je vous avoue qu'avec la réputation que se tapent les hôpitaux britanniques, je suis pas hyper serein en arrivant à l'hôpital d'Oxford.

Gee, en panique totale à l'accueil de l'hôpital : « Hello, I have a very strong belly ache, I can't go to the toilet, I don't have an English health card, I don't know what I can do, please help me I don't know I… » La réceptionniste : « Okay okay, calm down ! We're going to take care of you, don't worry !  By the way, I'm really sorry for what's happening in France, it's aweful. »

Au moins, pour passer le temps dans la salle d'attente, j'ai une chaîne d'information continue.

Gee, toujours plié en deux, regarde la télé : « It's now been a few hours since the French authorities have surrounded this building in Seine-St-Denis where it is believed that the authors of the terroriste attacks of Friday have taken refuge… »

Le personnel est adorable avec moi.

Je ne sais pas si c'est parce que je suis un étranger, parce que je suis français en ce mois de novembre 2015, ou simplement parce que le personnel est adorable par défaut.

Mais mine de rien, ça me fait du bien de me sentir pris en charge.

Gee, sur un fauteuil roulant, est conduit par une infirmière qui lui dit : « Okay, we're going to do a CT-scan to see what's going on inside your bowels. Do you understand ? » Gee : « Yes, yes, thanks. » Il pense : « Toutes ces heures passées à regarder Scrubs en VOST qui paient enfin ! »

▶️ On me fait donc un scanner. Quelques minutes plus tard, l'origine de ces maux de ventre, un mystère inquiétant et vieux de presque 10 ans pour moi, est révélée…

Un type avec des lunettes de soleil et un flingue dit : « Vous voulez savoir ce que c'est ? Alors ne ratez pas le prochain épisode de “Bobologie aux urgences” sur Grise Bouille !  Aussi vrai que mon nom est Hanger. Cliff Hanger. » Gee dit en rigolant : « D'ici là, celui ou celle qui devine le nom de la maladie gagne un abonnement au blog ! Oui je sais, c'est un flux RSS public, mais je suis prêt à tout pour entretenir la hype. » Note : BD sous licence CC BY SA (grisebouille.net), dessinée le 11 octobre 2020 par Gee.

Vous pouvez maintenant lire la suite !

Publié le 16 octobre 2020 par Gee dans La fourche

🛈 Si vous avez aimé cet article, vous pouvez le retrouver dans le livre Grise Bouille, Tome V.

Soutenir

Ce blog est publié sous licence libre, il est librement copiable, partageable, modifiable et réutilisable. Il est gratuit car financé principalement par vos dons. Sans inscription, vous pouvez très simplement me soutenir :

Pour la saison 2024-2025, 2 773 € ont pour l'instant été collectés sur un objectif annuel de 21 200 € (SMIC brut), soit 13 % de l'objectif :

Sources de revenu

La saison étant entamée à 25 %, il y a actuellement un retard de 2 477 € sur l'objectif.

Avancement de la saison

Vous pouvez également, si vous le souhaitez, passer par une plateforme de financement participatif :