Bobologie aux urgences (2/3)
La suite de ma BD autobiographique sur les aventures fabuleuses de mon système digestif !
Si vous avez manqué l’épisode 1, il n’est pas trop tard pour le lire !
Pour info, personne n’a trouvé le nom du mal qui m’affectait… j’ai eu beaucoup de réponses « syndrome de l’intestin irritable » : j’ai longtemps cru que c’était ça, eh bien non. J’ai eu aussi des gens qui m’ont parlé d’occlusion, mais là c’est plus un symptôme (en l’occurrence, correct) que la véritable origine du mal.
Bobologie aux urgences (2/3)
C'est reparti.
💡 Après un scanner aux urgences de l'hôpital d'Oxford, on m'annonce donc l'origine de mes maux de ventre qui apparaissent ponctuellement depuis presque 10 ans :
Volvulus du sigmoïde.
Comme le nom est pas hyper-parlant pour un type comme moi qui a arrêté la bio en seconde, on m'explique.
Voilà, c'est tout con.
J'ai la dernière partie du côlon (le sigmoïde) plus longue que la normale pour une raison ou une autre, et elle fait une sorte de boucle.
Et ponctuellement, cette boucle va se retourner sur elle-même (volvulus = retournement en latin), créant une occlusion.
À partir de là, plus rien ne passe, et l'intestin, qui se contracte régulièrement pour faire avancer la matière en digestion, gonfle et provoque ces énormes crampes.
D'où la sensation de constipation, puisque tout est bloqué – mécaniquement.
D'où les « fausses diarrhées » qui sont les restes de matière qui restaient dans le rectum avant la torsion ou y qui sont sécrétées dans le cas de la « flotte ».
▶️ Le « next step », et ça va encore être poétique, c'est de m'insérer un tuyau dans le fondement, avec un petit ballon au bout.
💡 La colo-exsufflation pour les nuls :
C'était pas l'expérience la plus agréable de ma vie, m'enfin c'était pas non plus spécialement douloureux.
Et surtout, en une demi-seconde, il s'est passé ça :
Je passe la nuit à l'hosto avec le tuyau à l'intérieur et une charmante poche à caca au bout histoire de maintenir le sigmoïde en place un petit moment, mais je m'en fous, je suis bien, je n'ai plus mal.
💡 On m'explique, pour la suite, que si jamais ça venait à se reproduire, il faudrait songer à une opération pour résoudre définitivement le problème. Je mets ça dans un coin de ma tête.
La vie reprend son cours après ces vacances ratées.
(On n'aura finalement fait que Londres, Oxford – Jericho's Tavern incluse – et Cambridge…)
Je me renseigne un peu sur le volvulus du sigmoïde et je découvre, entre autres, que c'est un truc qui a taux de mortalité de 7 % à 10 %.
💡 Bon, en fait il y a un gros biais dans ces statistiques dû au fait que cette maladie touche principalement des personnes âgées ou souffrant d'autres pathologies plus graves (cancers et compagnie).
Donc le taux de mortalité pour un mec en bonne santé dans la vingtaine comme je l'étais alors était probablement bien plus faible.
N'empêche que les risques induits si le volvulus persiste trop longtemps foutent quand même un peu les jetons :
Bref.
Presque deux ans passent sans crise.
⚠️ Septembre 2017, patatra, nouvelle crise. Cette fois, je suis chez moi, à Nice, et comme je sais ce que c'est – et les risques –, je n'attends pas : direction les urgences.
L'ambiance à la réception tranche pas mal avec celle de l'Angleterre.
On me file du Spasfon, je m'allonge. Les douleurs passent un peu, grâce au Spasfon. L'interne est sceptique.
On me fait le scan et, bingo : volvulus du sigmoïde. #DieuDuDiagnostique
#PrixNobelDeMédecine
✷ Je déconne pas, on m'a vraiment dit ça.
On me transfère dans un autre hôpital.
⚠️ Eh oui, optimisation des établissements et restructurations oblige, il n'y a des urgences que dans un des hôpitaux qui, forcément, n'accueille pas toutes les spécialités, et la gastro-entérologie, c'est ailleurs.
Comme en Angleterre, on se prépare à me faire une colo-exsufflation-tuyau-dans-le-cucul.
Et là, surprise :
N'ayant alors jamais été anesthésié auparavant, on peut pas dire que ça m'ait rassuré.
D'autant plus que, OK, l'intervention n'est pas des plus agréables, mais bon, c'est pas une opération à cœur ouvert non plus… je trouve ça un peu exagéré de passer par une anesthésie juste pour gérer de l'inconfort, mais bon.
▶️ Bref, je me réveille quelques minutes plus tard, sans volvulus et sans douleur, et je repasse une nuit à l'hosto avec mes amis tuyau-dans-le-fion et poche-à-caca.
Et dans le prochain épisode, je vous raconte le dénouement de l'épopée fabuleuse de mon côlon sigmoïde.
Vous pouvez maintenant lire la suite et fin !
🛈 Si vous avez aimé cet article, vous pouvez le retrouver dans le livre Grise Bouille, Tome V.