Les zextrêmes
Parce que dans le confusionnisme ambiant, il est bon de rappeler deux trois petites choses, faisons le point sur ce que sont « les zextrêmes » et la réalité politique qu'ils représentent (ou pas).
Les zextrêmes
💡 À l'occasion des législatives, on a de nouveau beaucoup entendu cette expression devenue très commune : « les zextrêmes se rejoignent ».
Vous noterez qu'avant, on parlait surtout de « l'extrême droite », mais maintenant on parle de « les zextrêmes ».
« TOUS les zextrêmes », même.
Au cas où y'en aurait plus que deux, on sait jamais…
⚠️ En effet, on comprend assez facilement que le terme permet l'opprobre de « l'extrême gauche », par association avec « l'extrême droite ». Ce qui, dans un pays avec l'histoire de la France, demande quand même une certaine gymnastique intellectuelle.
Gymnastique intellectuelle d'autant plus complexe lorsqu'elle consiste à placer la France Insoumise à l'extrême gauche…
LFI qui a un programme keynésien quand même pas bien violent et un discours autrement moins bourrin que celui du PS des années 70.
✷ Citation authentique de Mitterrand au congrès d'Épinay de 1971. Oui, je sais, après y'a eu le tournant de la rigueur, tout ça, mais quand même.
💡 L'extrême gauche, ça consiste en général à renverser le capitalisme sans trop d'égards pour les règles de la République : expropriation des grands patrons, réquisition des logements inoccupés, révolution — si besoin par la lutte armée…
Pas franchement le programme de LFI, donc (sans parler de celui de la NUPES, groupe qui contient quand même les restes du PS…).
Bref, l'extrême gauche étant marginale et ayant un programme assez diamétralement opposé à celui de l'extrême droite, pourquoi donc cette expression des « zextrêmes qui se rejoignent » est-elle si utilisée ?
⚠️ C'est-à-dire que le fameux « barrage républicain » a l'air quand même principalement exigé de la gauche, et très peu de la droite…
Et franchement, c'est pas nouveau.
(C'est le même Jean-Claude Gaudin qui sera tour à tour ministre sous Juppé en 1995, vice-président de l'UMP en 2002 et président du groupe UMP au Sénat en 2011. Ça a pas franchement freiné sa carrière à droite, quoi…)
▶️ On pourrait aussi parler de Philippe de Villiers ou de Christine Boutin, ministres ou secrétaires d'État chez Chirac ou Fillon et qui soutiendront tranquillou Le Pen ou Zemmour ensuite.
▶️ On ne compte pas non plus les anciens du GUD (orga étudiante violente d'extrême droite), d'Occident ou d'Ordre Nouveau (mouvements nationalistes néofascistes) qui ont fait leurs carrières pépouze côté RPR/UMP/etc. par la suite.
(Alain Madelin, Patrick Devedjian, Gérard Longuet, Hervé Novelli, Alain Robert…)
▶️ Le fameux « progressisme macroniste » n'est pas épargné, on se souvient de Nathalie Loiseau, ministre sous Édouard Philippe et ancienne membre de l'Union des Étudiants de Droite, une autre orga d'extrême droite.
▶️ Même Robert Ménard, dont je parlais plus haut, déclarait préférer « 1000 ans de Macron à 3 ans de Mélenchon ».
▶️ Côté RPR/UMP/LR, ça se lâche de plus en plus, avec un Ciotti qui déclarait qu'en cas de second tour Macron/Zemmour, il voterait Zemmour.
▶️ Tandis que la théorie raciste du « Grand remplacement », idéologie des tueurs de Christchurch, d'El Paso et de Poway, est reprise sans pression jusqu'à l'aile « modérée » (LOL) de LR.
▶️ Pour finir, aujourd'hui, par une roue libre totale du côté de la majorité présidentielle…
Position confirmée par Dupont-Moretti qui veut « avancer » avec le RN et par la volonté générale de la droite de refiler la Commission des Finances au RN…
Bref, dans les faits, c'est pas « les zextrêmes » qui se rejoignent.
C'est juste les droites.
Bisous.
Sources :
-
Madelin : Du poing américain au costard cravate (YouTube Blast)
-
Etudiante, Nathalie Loiseau a figuré sur une liste d’extrême droite (Mediapart)
🛈 Si vous avez aimé cet article, vous pouvez le retrouver dans le livre Grise Bouille, Tome VI.