Illustrations pour médiation numérique

Publié le 15 novembre 2024 par Gee dans Table à dessins

Il y a quelques mois, j'ai été contacté par mon camarade Louis Derrac qui souhaitait m'inclure dans un travail qu'il faisait avec la Mednum, la Banque des Territoires et l'ANCT : l'idée était de réaliser une série d'illustrations pour un guide de culture numérique conçu en particulier pour les conseillers/conseillères en médiation numérique.

Après plusieurs mois d'échange et d'itérations sur ces illustrations, le guide a enfin été publié. Ça a vraiment été un chouette travail à effectuer. Et puisque le résultat est placé sous licence libre, je me fais un plaisir de vous publier mes illustrations ici-même, comme je l'avais fait pour cette commande de l'UTC.

Un grand merci à Louis pour m'avoir inclus dans ce projet (lisez son blog !) et pour avoir passé pas mal de temps avec moi sur l'écriture et la mise en place de ces 12 illustrations !

Les spécialistes nous pardonneront les inévitables approximations de cet exercice de vulgarisation de sujets complexes…

Vous pouvez cliquer sur les illustrations pour les afficher en grand.


Technologie & magie

Une image séparée en deux. À gauche, un homme lit un journal et une femme lui demande : « Tu imagines ce qu'il a fallu pour fabriquer ce journal ?  Couper des arbres pour faire du papier, fabriquer l'encre et la fixer avec des rotatives ? » Des illustrations montrent ces étapes. L'homme répond : « Mmmh, oui, je vois. » À droite, l'homme lit un blog sur son smartphone, la femme lui demande : « Tu imagines ce qu'il a fallu pour que tu lises ce blog ?  La fabrication de l'écran LCD, de ton processeur, de ta RAM…  l'encodage du contenu…  les formats de données…  la couche réseau logicielle… les data centers… les câbles sous-marins pour acheminer le contenu, et l'antenne 4G pour les derniers kilomètres… » L'homme ne comprend plus et pense à de la magie : « Euuuuuuuh… » Conclusion : « Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie », citation de Arthur C. Clarke.


Numérique : terme polysémique

Plusieurs images montrent que le numérique, ça peut désigner : des applis sur un téléphone, un site web comme Wikipédia, une imprimante 3D, et podcast, une antenne 3G, etc. « Numérique » est un terme polysémique, il peut prendre des sens variés selon les situations et domaines d'application.


PC, smartphone & tablette

Comparaison entre différents dispositifs. Le PC (depuis 1970) : 87 % de la population équipée ; le smartphone (depuis 2007) : 87 % de la population équipée ; la tablette (depuis 2010) : 53 % de la population équipée.  Chacun de ces équipements possède : une carte mère (un circuit imprimé qui permet à tous les éléments de communiquer) ; un processeur (qui réalise les calculs nécessaires au fonctionnement) ; de la mémoire vive (un espace de travail pour les applications qui s'y exécutent) ; du stockage (pour conserver ses documents, ses fichiers, ses informations, etc.).  Conclusion : ce sont trois ordinateurs !  (Seules la taille et la manière d'interagir varient.)  Source des pourcentages : Baromètre du numérique 2023 ( Arcep, Conseil général de l'économie, ANCT et Arcom , mai 2024)


Internet & web

Ne plus confondre Internet, web, etc. On accède à Internet par une connexion au réseau avec un smartphone en 4G/5G (antenne reliée au réseau) ou avec une box à la maison (reliée au réseau). Internet est le réseau des ordinateurs et serveurs connectés entre eux presque partout dans le monde. Le web est l'application la plus populaire d'Internet, qui permet d'accéder à des sites par adresse (exemple : wikipedia.org, Marmiton, Impots.gouv.fr, et les réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, etc.). On peut utiliser un moteur de recherche pour trouver un site dont on ne connaît pas l'adresse (Google, Qwant, DuckDuckGo, Bing…). D'autres applications d'Internet : le mail, la visio, la VoIP (voix par Internet).


Histoire du numérique

Deux lignes de temps. D'abord, l'informatique : en 1945, ENIAC, le premier ordinateur ; en 1981, l'IBM PC, avènement des micro-ordinateurs grand public. De l'autre côté, les télécoms : en 1837, le télégraphe de Morse ; en 1969, ARPANET, l'ancêtre d'Internet. Les deux lignes de temps se rejoignent pour former celle du numérique : 1999, lancement de l'ADSL en France ; 2007, l'iPhone, début de l'ère des smartphones ; 2013, le début du déploiement de la 4G en France.


Numérique : fait social total

Plusieurs situations sont mises en scène. Un homme dans le bus : « N'oubliez pas de valider votre titre de transport ! » Une pharmacienne : « Vous avez votre carte vitale ? » Une conseillère : « Pour accéder à votre Compte Formation, téléchargez l'app… » Un homme lui répond : « Euuuh, j'ai pas de smartphone… » Dans le public d'un concert, une femme prend une photo avec son téléphone : « Meilleur concert de ma vie ! » Un notaire derrière son ordinateur : « Moui, vous recherchez un acte notarial ?  Je vous trouve ça tout de suite… » Une vieille dame lit son courrier : « Je ne peux plus payer mes impôts par courrier ? » Un adolescent sur son lit lit un texto : « T'as reçu mon dernier Snap ? » Une visio : « Bien, je pense qu'on peut commencer cette réunion en distanciel… » Une petite parle à son père : « Papa, j'ai reçu mes résultats de Parcoursup ! » Un homme marche dans la rue et regarde les caméras de surveillance. Conclusion : parce que le numérique a aujourd'hui une portée sur TOUS les pans de nos sociétés, on dit que c'est un « fait social total ».


Numérique & pop culture

Un diagramme montrant différents pendants de la pop culture. La culture du remix (vidéastes, fanfictions, reprises de musique) se fédère autour de communautés (apparitions spontanées, créations collectives comme pendant le confinement du printemps 2020, numérisation de livres, sous-titrage de séries/films), et utilise des codes communs, les émojis (nouveau langage pour pallier l'absence d'émotion des messages écrits). La culture du remix se nourrit de culture populaire (au sens classique : livres, films, séries, musique populaire, etc.). Les communautés se heurtent parfois et doivent composer avec le droit d'auteur : entre oppositions frontales (Hadopi), tolérances (fair use) et réinventions (licences libres).


IA connexionniste & symbolique

À gauche, une IA connexionniste (modèle « boîte noire »). Un robot hyper moderne dit : « Je peux détecter les panneaux INTERDIT grâce à un entraînement sur 2 millions d'images de panneaux. » Une femme lui demande : « Et comment ça marche ? » Le robot : « C'est compliqué. Beaucoup de stats, de formules complexes… tu ne comprendrais pas. » Résultats impressionnants mais au fonctionnement opaque, donc compliqués à analyser et à certifier. À droite, une IA symbolique (modèle « boîte transparente »). Un robot vieillot dit : « Je peux détecter les panneaux INTERDIT grâce à un ensemble de règles. » La femme demande : « Et comment ça marche ? » Le robot répond : « Eh bien j'extrais des régions de couleurs uniformes, je réalise un test sur la couleur rouge, en vérifiant la forme générale de l'object, et puis je… » Résultats souvent moins impressionnants mais au fonctionnement clair, analysable et donc certifiable.


Algorithme & IA

À gauche, un algorithme « classique ». Un homme dit à une femme : « On a codé un algorithme qui, à partir des données du capteur de position et d'un seuil qu'on a bien réglé, déclenche ou non le séchage ! » La femme se sèche les mains et remarque : « Super ! Par contre, je dois beaucoup rapprocher mes mains, vous avez pensé aux gens petits ? » L'homme répond : « Le seuil est peut-être trop restrictif… » Un algorithme automatise des décisions selon des règles (édictées par l'humain). À droite, une intelligence artificielle. L'homme dit : « On a entraîné une IA avec 50 000 photos de mains pour que le séchoir reconnaisse la présence d'une main. » La femme n'arrive pas à se sécher les mains et demande : « Mais vous avez pensé à mettre des mains à la peau noire dans votre base d'entraînement ? » L'homme : « Euuuuuh… » Avec l'IA, l'algorithme déduit les règles depuis une base d'apprentissage (fournie par l'humain).


Numérique paradoxe

Paradoxes ? Le numérique peut être émancipateur ou aliénant. D'un côté, un homme lit « entraide burn-out » sur son ordinateur et dit : « Je ne suis pas tout seul ! » De l'autre, une femme reçoit un appel dans son lit à 22h03 : « Tu peux m'envoyer ton rapport financier pour la réunion de demain ? » Le numérique peut être chosii ou subi. D'un côté, une femme derrière son PC : « Aaaah, c'est tellement pratique de faire sa déclaration de chiffre d'affaires en ligne ! » De l'autre, une guichetière dit à un visiteur : « Ah non monsieur, on n'accepte plus les Cerfa, il faut passer par le site web. » L'homme : « Mais j'y connais rien aux ordis, moi ! » Le numérique peut être soutenable ou insoutenable. D'un côté, une visio où un homme remarque : « Quand j'pense qu'avant, j'aurais dû prendre l'avion pour faire cette réunion…  et imprimer 200 pages de rapport… » De l'autre, une conférence sur le CO2 où un scientifique dit : « Les émissions de CO2 du numérique explosent, et les décharges se remplissent de smartphones obsolètes !  Il faut ralentir d'urgence ! »


Impacts du numérique

Quels sont les impacts du numérique ? 78 % des émissions de gaz à effet de serre du numérique sont dus à la fabrication des terminaux. Plus le terminal est gros, plus l'impact est élevé… mais plus il est petit, plus on le change souvent !  C'est 20 millions de tonnes de déchets par an en France. Action concrète : limiter son matériel numérique et surtout le faire durer ! 21 % des émissions de GES du numérique sont dus à la phase d'usage. Les usages les plus impactants sont la 4G/5G, le streaming haute définition et le stockage. Action concrète : réduire la qualité, favoriser le wifi aux réseaux 4G/5G. En termes de ressources, un PC de 2 kg, c'est 600 kg de minéraux, 200 kg d'énergies fossiles et 1,5 tonne d'eau douce. Le numérique en France représente 10 % de la consommation électrique (équivalent d'un aller-retour Lille-Nice en voiture par personne chaque année) et 2,5 % de l'empreinte carbone.  Sources : – « Numérique : quel impact environnemental » ( ADEME Infos , avril 2022) – « Numérique responsable ? Les bonnes pratiques en inforgraphie ! ( Les écoloHumanistes , septembre 2022) – «  L'empreinte carbone des appareils électroniques au cours de leur cycle de vie  » ( Statista , juillet 2024) – « Pourquoi réduire la pollution numérique ? » ( ADEME )


Numérique pharmakon

Le numérique n'est pas neutre, il peut être : un poison (cas d'un gamin harcelé sur les médias sociaux) ; un remède (le gamin est soutenu par ses camarades et va mieux) ; un bouc émissaire (le harcèlement scolaire existait bien avant le numérique) ; et parfois les trois à la fois ! Le numérique est un pharmakon (concept de Platon repris par Bernard Stiegler).


Voilà, j'espère que cette série de dessins vous a plu. Évidemment, n'hésitez pas à les utiliser pour vulgariser ces différents aspects du numérique, ils ont littéralement été faits pour ça :)

Et si une commande de ce genre vous intéresse, n'hésitez pas à me contacter !

Publié le 15 novembre 2024 par Gee dans Table à dessins

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