Réglons le problème du chômage
Bon, voilà, je croyais finir la semaine tranquillement, et PAF ! Gattaz sort une énormité. Alors bon, c’était l’occaz de parler un peu de notre assurance chômage. Parce qu’en fait, je crois qu’en général, on ignore pas mal de trucs dessus (par exemple, vous saviez que c’était une association loi 1901 qui la gérait ?).
Je ne garantis pas un article sans mauvaise foi ni exagérations, mais comme je ne raconte pas non plus n’importe quoi, vous pouvez retrouver les sources en bas.
Réglons le problème du chômage
💡 Notre comique troupier national, Pierre Gattaz, grand héritier et président du MEDEF, en a encore sorti une bonne :
Hohoho, qu'est-ce qu'on s'poile, me direz-vous.
💡 Passons sur le fait que la fraude aux allocs représente à peu près peau-de-balle à côté de la fraude fiscale. Et au-delà de la blague (absolument hilarante), posons-nous la question : comment régler le problème du chômage ?
▶️ Cette question en amène une autre préalable : quel est le problème avec le chômage ?
Voyons donc un peu de quoi il retourne.
L'assurance chômage, c'est pas compliqué : vous cotisez quand vous être salarié, vous touchez une allocation quand on vous enlève votre emploi.
▶️ À un instant T, les cotisations des uns paient les versements des autres. Si l'on regarde le montant de ces cotisations et versements sur les dernières années, voilà ce que ça donne :
✷ Sources : rapports financiers annuels de l'Unédic 2014, 2015 et 2016 (+ Wikipédia pour les chiffres les plus anciens, j'ai pas trouvé les rapports).
Alors si cotisations et versements sont à peu près à l'équilibre et qu'on a même un peu de réserves, tout va bien, non ?
Eh bien en fait, on a omis un tout petit truc qui s'appelle…
Pôle Emploi.
Car Pôle Emploi est financé en partie par le chômage… à hauteur de 10% des cotisations.
⚠️ Et là, tout de suite, si on intègre ça, ça plombe un poil le budget.
✷ Sources : toujours Unédic et Wikipédia.
▶️ Quand Pierre Gattaz suggère de contrôler quotidiennement les chômeurs, rendez-vous bien compte que ça nécessiterait d'engager une véritable armée d'employés supplémentaires chez Pôle Emploi.
Et donc de creuser encore plus cet énoÔorme gouffre à pognon !
💡 Petite parenthèse : on peut légitimement soupçonner qu'il y ait une volonté politique à flinguer l'assurance chômage. En effet, elle fait partie des expériences qui démontrent clairement qu'un système autogéré par la population active (ici, via l'Unédic qui est une association loi 1901) peut prendre en charge des quantités monstrueuses de pognon de manière responsable (pour le coup…) et pérenne.
⚠️ Et comme pour l'assurance maladie, c'est à partir du moment où l'État fout ses sales pattes dedans que ça commence à déconner.
Parenthèse fermée.
💡 Vous allez me dire : oui, mais c'est normal que l'assurance chômage finance Pôle Emploi. Après tout, Pôle Emploi aide les gens à retrouver du boulot, non ?
✷ Source : « Pôle Emploi à l'épreuve du chômage de masse », rapport public thématique de la Cour des comptes, juillet 2015.
Alors je sais qu'on ne tire pas sur l'ambulance, mais on parle d'un organisme qui, non content de plomber le budget d'une assurance chômage autrement raisonnablement équilibré, est inefficace à 87,4 %.
(En fait, Pôle Emploi est principalement utilisé comme une arme de contrôle social, de culpabilisation des chômeurs face à la sacro-sainte « valeur travail ». De ce point de vue là, il est diaboliquement efficace.)
▶️ Est-ce que finalement, la solution la plus pragmatique, ce ne serait pas de fermer Pôle Emploi ?
Ironiquement, tout le personnel de Pôle Emploi viendrait alors grossir les chiffres du chômage.
En même temps, le personnel de Pôle Emploi est réduit à la tâche désagréable de fliquer et traquer les chômeurs, ce qui est générateur de mal-être chez les uns comme chez les autres.
▶️ Foutons donc la paix aux chômeurs et libérons les conseillers Pôle Emploi de ce boulot aliénant !
Scandaleux, vous dites ?
Pourtant, l'assurance chômage est, comme son nom l'indique, une assurance : vous cotisez à un droit, et vous profitez de ce droit quand vous en avez besoin (en l'occurrence, en cas de perte d'emploi).
L'injonction à rechercher activement un emploi n'est qu'une des façons qu'à l'État d'attaquer et de dévoyer cette assurance chômage.
⚠️ En principe, l'assurance chômage n'a pas à être soumise à une autre condition que celle d'avoir perdu son emploi ! Imaginez un peu si les autres assurances faisaient de même…
Vous devriez donc avoir le droit de vous la couler douce pendant que vous êtes indemnisé.
Certes, ça semblerait peut-être injuste que certains travaillent beaucoup pendant que d'autres se la coulent douce tout en étant payés par les cotisations chômage.
Sauf que c'est un fait : il n'y a plus assez de travail pour tout le monde.
▶️ Alors au lieu de forcer une partie de la population à travailler trop pendant qu'une autre subit une oisiveté totale rarement voulue, on pourrait peut-être imaginer d'autres solutions ? Genre, moins débiles ?
⚠️ Car si le problème du financement du chômage est un épouvantail politique, le problème de la disparition du travail est par contre bien réel*, et il y a un moment où il va falloir s'occuper de ça…
✷ Voir l'article Oui, le travail disparaît.
Dans les hautes sphères, on est encore bien loin de se poser ces questions qui vont devenir de plus en plus capitales pourtant, car le chômage n'est pas près de baisser.
Pour l'heure, soyons raisonnables et attaquons-nous d'abord à quelque chose de plus concret et plus simple à mettre en œuvre…
Réglons le problème du chômage : fermons Pôle Emploi.
Sources :
-
« Assurance chômage en France » sur Wikipédia
-
« Pôle Emploi à l’épreuve du chômage de masse », rapport de la Cour des compte de juillet 2015
Pour aller plus loin :
-
Voir et revoir l’excellente conférence gesticulée sur le travail de Franck Lepage & Gaël Tanguy (on y cause pas mal allocations, cotisations sociales, retraite, etc.)
-
Une autre séquence de Lepage qui parle spécifiquement du chômage (la partie « hamac » en est inspirée 😉 )
-
Éloge de l’oisiveté, un court spectacle de Dominique Rongvaux pour relativiser la « valeur travail » dont on nous gave jusqu’à la nausée…
🛈 Si vous avez aimé cet article, vous pouvez le retrouver dans le livre Grise Bouille, Tome III.