[GB10ans] 4. Rythme & ligne éditoriale
Le 30 janvier 2015 ouvrait le blog Grise Bouille. Pour fêter ces 10 ans de blog, un livre best of a été publié, accompagné d'un site-anniversaire et d'une série d'articles spéciaux pour vous raconter les coulisses du blog.
Cet article discute des problématiques de rythme, d'évolution de la ligne éditoriale, de diversité des genres et thématiques, de la gestion des archives… bref, de plein de choses !
Un rythme fluctuant
Comme je l'ai déjà expliqué à plusieurs reprises, j'ai longtemps regrettré ma décision de m'imposer le rythme d'un article par jour sur Le Geektionnerd. Évidemment, c'était tout d'abord bien trop fréquent… mais même au-delà de ça, j'ai compris petit à petit qu'un rythme imposé était complétement incompatible avec les fluctuations d'inspiration, de temps, d'énergie…
Bref. Pour Grise Bouille, hors de question de reproduire les mêmes erreurs : je ne m'impose aucun rythme. Bon, dans les faits, j'essaie de publier des choses régulièrement, mais sans pression.
En 10 ans, le bilan s'élève à 530 articles, soit une moyenne de 53 par an, soit un peu plus d'un article par semaine. Je parle bien de moyenne, car évidemment, ça fluctue ! Pendant l'année la moins active, 2019, je n'ai publié que 28 articles, tandis que le record a été atteint en 2021 avec 74 articles.
De même, les articles sont rarement uniformément répartis dans l'année. Si j'ai parfois des flux de 3 articles par semaine, je n'ai pas non plus hésité à prendre des pauses à plusieurs reprises, parfois longues. Par exemple :
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39 jours sans article entre le 24 avril et le 2 juin 2015 ;
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64 jours entre le 20 juin et le 22 août 2017 ;
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84 jours, le record, entre le 27 septembre et le 20 décembre 2018.
Pour la pause de 2015, c'était la période où je terminais ma thèse et où, de fait, j'étais un poil trop occupé pour m'occuper du blog. Les autres pauses, honnêtement, je ne me souviens plus des raisons : il n'y en a pas forcément une précise, ça peut être une combinaison de périodes de vacances, de périodes où je ne trouve pas de temps libre, ou tout simplement où je n'ai pas d'inspiration.
Des pauses que j'assume et que je tournais même en dérision dans ma BD Grease Boy Bullshitgraphic Universe :
Ceci étant dit, c'est bien le manque de temps pour m'occuper du blog qui m'a poussé à devenir auteur à 20 % en janvier 2020 puis à temps plein à partir de septembre 2021 : d'ailleurs, le nombre de pauses et leurs durées se sont pas mal réduites par la suite.
Depuis quelques années, en fait, je profite surtout de juillet-août pour réduire fortement la voilure (voire ne publier qu'un ou deux articles), puisque la période estivale est classiquement très calme sur Internet, où les gens suivent de toute façon peu les blogs. Même si, pour tout vous dire, je ne prends pas deux mois de vacances : j'en profite en général pour prendre du recul, faire un peu le point sur les trucs en cours, la maintenance, et puis bien sûr planifier des choses pour la saison qui vient.
Et ce rythme, eh bien j'en suis satisfait : autant au bout de 5 ans de Geektionnerd, j'étais cramé, autant au bout de 5 ans de Grise Bouille, j'ai eu envie de m'y consacrer à temps plein, comme quoi un rythme de travail sain, ça change tout 😅
Une ligne éditoriale évolutive
L'autre chose sur laquelle je m'étais immédiatement autorisé pas mal de flexibilité, c'est la ligne éditoriale. Bon, en théorie, Grise Bouille n'en a pas, donc ça simplifie les choses. En pratique, évidemment, ça reste avant tout un blog-BD, avec pour thèmes de prédilection : humour absurde, satire politique et vulgarisation scientifique.
N'empêche, tout cela a aussi pas mal fluctué selon les années. Pour analyser tout ça, je me suis fait un petit graphique qui montre le nombre d'article par catégorie chaque année :
On pourrait évidemment passer des heures à analyser ce genre de graphique. Je vais me limiter à quelques points d'explication :
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la vulgarisation (catégorie Tu sais quoi ?) a occupé une forte place au début, puis a décru : il se trouve que plus le temps passe, moins j'arrive à trouver des sujets où je me trouve suffisamment compétent pour les vulgariser correctement. D'un côté, j'ai l'impression d'avoir un peu fait le tour de ce que je maîtrise bien en informatique — et qui est pertinent à vulgariser ! —, de l'autre, je pense que je deviens plus critique sur mes propres connaissance et, de fait, plus prudent sur ce que je raconte…
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les articles politiques (catégorie La fourche) ont longtemps eu une place dominante sur le blog avec un pic en 2022 lors de la campagne présidentielle. Je me suis un peu calmé ces derniers temps, pour des raisons similaires à la vulgarisation : l'impression d'avoir dit tout ce que j'avais à dire. Au dixième article qui se conclue par « el problema es el capitalismo », je me dis que j'ai quand même fait le tour de la question…
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la catégorie La plume a évidemment connu deux gros pics en 2018 et 2021, correspondant respectivement aux publications de mes deux romans Sortilèges & Syndicats (alors appelé Working Class Heroic Fantasy) et Une Auberge dans la tempête ;
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la catégorie Sur le blog est devenue plus importante à partir de 2020, lorsque j'ai commencé à publier des bilans réguliers de mon travail libre ;
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la catégorie Jukebox a quant à elle décollé en 2022, avec le début de ma chronique mensuelle Les Humeurs de Gee sur la radio Cause Commune (ainsi que mon podcast sur Radiohead, aujourd'hui abandonné).
Bref, les envies, les inspirations, les centres d'intérêt… tout ça va et vient, et la ligne éditoriale du blog évolue en fonction. Certaines catégories prennent de l'importance, d'autres se réduisent. Il n'est pas impossible que certaines finissent pas n'être quasiment plus utilisées, et ce sera OK pour moi.
Dernier exemple en date : je me suis lancé, depuis septembre, dans La Chaîne Météore, ma fiction préhistorique. J'ai décidé d'y aller à fond, pour offrir des épisodes réguliers et, de fait, Grise Bouille est un peu de venu La Chaîne Météore (et compagnie), avec 40 % des articles dédiés à cette série.
C'est peut-être casse-gueule car je peux perdre un public qui préférait les articles de vulgarisation ou de satire politique, mais je me dis qu'il vaut toujours mieux suivre sa motivation et mon inspiration : la qualité n'en sera que meilleure.
Un blog ouvert aux « divagations »
J'en viens à un point sur ce que j'appelle régulièrement « divagations » : toutes les choses qui sortent un peu de la ligne éditoriale « BD et textes politiques ». Aquarelles, musiques, podcasts, trucs divers et variés (que j'ai rassemblés dans une section Le reste)…
En 2022, j'avais fait un sondage pour en savoir plus sur mon lectorat. Sans surprise, c'était cette partie du blog qui intéressait le moins les gens, en moyenne :
À l'époque, j'analysais ça de la manière suivante :
Les « divagations » sont ce qui vous intéresse le moins, et encore une fois ça ne m'étonne pas, c'est bien pour ça que j'appelle ça des « divagations ». Je ne compte pas arrêter pour autant bien sûr, ça fait aussi partie de ce qui fait respirer le blog (et me fait respirer par la même occasion).
Eh bien je ne changerais pas un mot de cette réponse. Autant je sais qu'on me suit principalement pour mes BD, autant c'est une liberté fabuleuse que de pouvoir publier, sur un coup de tête, une vidéo qui se fout de la gueule de la lithothérapie, une critique humoristique sur un vieux bouquin James Bond, une réflexion sur le prénom de Dumbo… N'importe quoi, comme ça, quand l'envie m'en prend.
Des archives à valoriser
Mine de rien, outre le rythme de publication que je maintiens à l'heure actuelle, je commence à avoir accumulé un sacré paquet d'articles. Alors certes, certains de ces articles sont très contextuels, liés à l'actualité, et plus forcément très pertinents : typiquement, une BD sur Manuel Valls scandalisé par les blocages pendant les manifs de la loi travail en 2017 peut avoir de l'intérêt comme témoignage d'une certaine période, mais ne va plus parler à grand monde aujourd'hui.
En revanche, j'ai une foultitude d'articles plus ou moins intemporels, que ce soit en vulgarisation, en politique ou en pur humour absurde. Certains ont eu leur heure de gloire sur Internet, d'autres ont été publiés et très vite oubliés. Certains aussi, inévitablement, ont été publiés avant l'arrivée d'une portion du lectorat. Pour toutes ces raisons, je me suis mis à poster régulièrement, sur mes différents comptes de médias sociaux (Mastodon, Bluesky, Instagram…), des « rediffusions » : ça me permet de redonner une chance à des articles dont la réception n'avait pas été à la hauteur à l'époque, de ressortir des choses toujours pertinentes à l'heure actuelle, de faire écho à une actualité récente… et puis, bien sûr, quelque part, de faire patienter entre deux nouveaux articles !
Pour cela, j'ai fait un… (roulement de tambours)… un SCRIPT ! Évidemment. Oui, si vous avez pas lu mon précédent making-of, vous connaissez ma passion pour les scripts : ici, je me suis tout simplement fait un script qui liste les articles sortis aux mêmes périodes les années précédentes. Libre à moi, ensuite, de piocher dedans pour proposer des archives chaque jour.
L'idée, c'est de pouvoir dire « tiens, y'a X années, j'ai publié ce truc-là », tout en s'assurant de ne pas ressortir deux fois la même archive trop vite (a priori, au mieux elles ne seront republiées qu'une fois par an chacune). Et pour les gens qui me suivent depuis peu, c'est l'occasion de découvrir d'anciens articles qui parlent de tout un tas de sujets, quand bien même je me focalise sur La Chaîne Météore en ce moment.
Bref, encore un truc dont je me moquais — en avance — dans ma BD Grease Boy Bullshitgraphic Universe :
Dans les faits, je ne valorise pas vraiment ce patrimoine en termes capitalistes (c'est pas les trois bouquins je vends chaque mois qui paient mon loyer), mais bien en termes de visibilité : un article n'a pas de l'intérêt qu'au moment de sa publication, mais bien sur le long terme à partir du moment où il est disponible !
C'est d'ailleurs un énoooorme avantage d'avoir un blog pour publier des trucs au lieu de simples comptes de médias sociaux : un accès propre, simple et permanent à toutes les archives. Alors si vous avez des trucs à raconter, arrêtez de faire des fils sur des Twitter et Bluesky (et même Mastodon hein), sur des plateformes que vous ne maîtrisez pas, qui ne sont pas faites pour ça et qui disparaîtront un jour que vous le vouliez ou non : ouvrez votre blog et reprenez le contrôle !